Sida : nouvelles perspectives pour les patients sous antirétroviraux

Publié le 11 février 2008 sur OSIBouaké.org

Cette nouvelle a été plus que fraîchement accueillie en France par les communautés scientifiques, éthiques et associatives, toujours prêts à fustiger des séropositifs considérés comme des criminels en puissance. Et pourtant c’est une très bonne nouvelle ! A se demander s’il reste des personnes pour défendre le droit des séropositifs à vivre comme les autres et à avoir une sexualité. Pour nous, ces résultats scientifiques sont avant tout un nouvel espoir et une motivation supplémentaire pour améliorer l’accès aux ARV   dans les pays du Sud et les programmes d’aide à l’observance.

Sida   : nouvelles perspectives pour les patients sous antirétroviraux

Genève, AFP - Par Aude Marcovitch - Mercredi 30 janvier 2008

Un rapport officiel suisse affirmant qu’une personne contaminée par le VIH   et bénéficiant d’une thérapie antirétrovirale efficace ne transmet pas le virus pourrait bouleverser le comportement des couples sérodifférents.

"Je sais que ces conclusions peuvent faire apparaître certaines craintes, mais je pense que l’information, crédible et qui repose sur des faits avérés et exacts doit être connue", a commenté à l’AFP le professeur Bernard Hirschel, responsable VIH  -Sida   des Hôpitaux universitaires de Genève et coauteur du rapport.

Si la thérapie a supprimé le virus dans le sang depuis au moins six mois et si elle est suivie rigoureusement par le patient, un couple sérodifférent (au sein duquel un des deux partenaires est contaminé par le VIH   et l’autre pas) peut décider qu’il renonce aux mesures de protection pendant des rapports sexuels, selon un rapport de la Commission fédérale du sida  , qui dépend de l’Office fédéral suisse de la santé publique.

Toutefois, le patient ne doit pas être atteint d’une autre infection sexuellement transmissible et le médecin traitant doit donner au préalable son feu vert à l’arrêt des mesures de protection, met en garde la Commission.

L’association française de défense des malades du sida   Act Up a fraîchement accueilli l’annonce de la Commission suisse. Elle a mis en garde "contre les discours imprudents, triomphalistes ou désinvoltes".

"Cette annonce qui porte sur les couples sérodifférents ne concerne pas les 40% de malades sous traitement ayant une charge virale résiduelle malgré une bonne observance du traitement", a déclaré Act Up dans un communiqué.

Une indication que réfute le professeur Hirschel. "Ces chiffres sont largement exagérés."

Selon les données collectées sur les patients suivis en Suisse, "si le traitement est bien conduit, pour plus de 80% des patients, le virus disparaît dans le sang au bout de six mois maximum".

En outre, Actu Up relève que "20% des séropositifs sont sans traitements".

Même son de cloche auprès du Conseil national (français) du sida   qui a réagi extrêmement prudemment, en jugeant que les données "restent trop préliminaires pour permettre des recommandations individuelles." Le groupe d’experts français a affirmé qu’il examinerait ces études "dans le cadre de la mise à jour de ses recommandations en 2008".

"Après vingt années de slogan "Sortez couverts", il ne sera pas simple de relativiser la crainte d’une contamination, profondément ancrée dans la tête des personnes concernées", relève Pietro Vernazza, membre de la Commission fédérale du sida   dans un texte paru dans le Bulletin suisse des médecins.

"Mais lorsque ce processus est engagé, les personnes infectées par le virus VIH   voient leur qualité de vie s’améliorer", a-t-il ajouté.

Le rapport publié par les membres de la Commission se fonde sur quatre études différentes.

Une recherche effectuée en Espagne entre 1990 et 2003 sur 393 couples hétérosexuels sérodifférents a montré qu’aucun des partenaires n’avait été contaminé par une personne suivant un traitement antirétroviral, selon l’étude publiée dans le Bulletin des médecins suisses.

Au Brésil, 93 couples sérodifférents dont 41 partenaires séropositifs soumis à traitement antirétroviral ont été placés sous surveillance par des chercheurs. Six personnes ont été contaminées, toutes étant liées à des partenaires ne suivant pas de traitement.

D’autres recherches en Ouganda et sur les femmes enceintes sont arrivées aux mêmes conclusions.

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