Les victimes non prévues de la fondation Gates

Les donations en matière de lutte contre le VIH, la Tb et le paludisme, exposent davantage aux risques les populations ayant des besoins de santé primaire

Publié le 16 janvier 2008 sur OSIBouaké.org

Article complet original : Los Angeles Times : "Unintended Victims of Gates Foundation Generosity" - Tuesday, December 16, 2007 - By Charles Piller and Doug Smith, Los Angeles Times Staff Writers

Résumé de Françoise Crepin, sur Emed le 15-01-2008

Le Botswana est un bon exemple de la façon dont la générosité mal placée, en l’occurrence celle de la fondation Gates, a mis à mal les services de santé d’un pays. Le Botswana est un pays stable, démocratique, dont la population a un niveau de vie relativement élevé par rapport à l’ensemble des pays d’Afrique, mais où la prévalence du VIH   était élevée. La fondation Gates s’est jointe au géant pharmaceutique Merck, et a donné 100 millions de dollars pour la lutte contre le SIDA  . En 2005, la somme disponible par personne pour les dépenses de santé suite à ce don était 6 fois plus importante que la moyenne dans les pays africain, et 21 fois plus importante qu’au Rwanda.

Le taux de mortalité liée au SIDA   a fortement baissé. Mais la prévention contre le VIH   a été un échec. La prévalence de la maladie reste à peu près toujours aussi élevée. De plus, le taux de mortalité liée à la grossesse a augmenté de façon dramatique au Botswana. En dépit des traitements mis en œuvre contre le SIDA  , l’espérance de vie est passée de 41,1 ans en 2000 à 41,5 ans en 2005.

Il semble que les efforts de la fondation Gates dans la lutte contre le SIDA   ont eu pour conséquence de drainer toutes les ressources médicales vers le traitement de cette maladie, aux dépends des autres secteurs de la santé, en particulier celui du suivi de base des femmes enceintes et des enfants. Dean Jamieson, un économiste spécialisé dans le domaine de la santé, dit que "les professionnels de santé peuvent doubler ou tripler leur salaire en travaillant dans le domaine du SIDA  ". Il n’est donc pas étonnant qu’ils se précipitent vers ce créneau. Peut-être qu’ils sont remplacés dans le poste qu’ils quittent, mais s’ils le sont, c’est habituellement par des professionnels moins compétents...

La situation est encore pire au Rwanda. Dans ce pays, la prévalence du SIDA   est de 3%, mais plus de 50% du budget de la santé est consacré à la lutte contre le SIDA  . Avec entre autres pour conséquence une augmentation importante de la mortalité infantile, et le maintien de la mortalité maternelle à un taux qui est l’un des plus élevés au monde.

D’après les données actuelles, la mortalité maternelle et infantile est inversement proportionnelle, dans les pays africains, aux sommes données par la fondation Gates. Certains professionnels locaux se plaignent que l’argent donné pourrait sauver bien plus de vies s’il était consacré à fournir aux services de santé de ces pays ce dont ils ont le plus besoin pour les soins de base.

Françoise CREPIN

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