Les rebelles ivoiriens accusés de massacres dans le nord du pays

Publié le 4 janvier 2008 sur OSIBouaké.org

Le Monde | 03.01.08 | 15h34

Que s’est-il exactement passé dans la nuit du jeudi 27 décembre au vendredi 28 décembre 2007 à Bouaké, la "capitale" des Forces nouvelles (FN), les ex-rebelles qui contrôlent la moitié nord de la Côte d’Ivoire ? "Plus de 60 individus (...) ont été enlevés à leur domicile et froidement abattus", a accusé, mercredi 2 janvier, au cours d’une conférence de presse à Abidjan, le porte-parole d’Ibrahim Coulibaly, un ancien proche des rebelles devenu leur adversaire.

Les "individus" étaient des partisans d’Ibrahim Coulibaly, plus connu sous ses initiales "IB" et qui fut le cerveau de la tentative du coup d’Etat de 2002 contre le président Laurent Gbagbo, avant d’être écarté par le chef politique de la rébellion, Guillaume Soro, l’actuel premier ministre. Les alliés d’"IB" ont été victimes d’une "opération d’épuration", d’une "chasse aux sorcières" menée par les troupes de Guillaume Soro, a dénoncé le porte-parole d’"IB", Timité Ben Rassoul. Selon lui, une centaine de partisans d’"IB" ont par ailleurs été faits prisonniers.

Les FN - toujours maîtres de la moitié nord du pays même s’ils participent au gouvernement - ont reconnu que des troubles avaient eu lieu à Bouaké fin décembre. Mais leur explication est différente. D’après eux, M. Coulibaly, qui se trouve actuellement en Belgique, aurait fomenté un "complot" le 27 décembre à Bouaké. Des échanges de coups de feu s’en seraient ensuivis, qui auraient entraîné la mort d’une personne, le "cerveau de l’opération", et une vingtaine d’arrestations.

Mercredi, les anciens rebelles ont maintenu cette version. Pour prouver qu’il tenait la situation bien en main, Guillaume Soro, toujours secrétaire général des FN, s’est d’ailleurs rendu à Bouaké en début de semaine.

La situation dans le Nord inquiète l’ONU  , qui a déployé près de 8 000 casques bleus dans le pays. Lundi, la mission des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci) a condamné les "violences attentatoires aux droits de l’homme" qui se sont produites à Bouaké et a dit sa préoccupation face aux "affrontements à caractère militaire (...), aux arrestations abusives et illégales (et aux) exécutions sommaires" qui ont eu lieu dans la "capitale" des rebelles.

La dégradation de la situation sécuritaire ne touche pas que le Nord rebelle. Dans l’ouest du pays, des miliciens proches du président Gbagbo ont manifesté il y a quelques jours en exigeant le versement de primes d’argent en contrepartie de leur démobilisation. Ignorant ces tensions, le chef de l’Etat continue à faire comme si de rien n’était. Présentant ses voeux à la télévision, le 31 décembre, il a assuré que des élections générales pouvaient être tenues "dès juin 2008".

Jean-Pierre Tuquoi Article paru dans l’édition du 04.01.08

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