VIH/sida : les gouvernements doivent tenir leurs promesses

Déclaration publique d’Amnesty International

Publié le 3 décembre 2007 sur OSIBouaké.org

Cette année, la Journée mondiale de lutte contre le sida   (1er décembre) est l’occasion d’appeler les gouvernements à respecter leurs engagements : cet aspect du combat contre la maladie est essentiel. Les autorités locales, les gouvernements nationaux et les organes intergouvernementaux doivent assumer leurs responsabilités en mettant en œuvre des stratégies sanitaires efficaces, en orchestrant la lutte contre les préjugés et en faisant le nécessaire pour que les personnes vivant avec le VIH   soient au cœur des solutions envisagées.

Jusqu’à maintenant, l’action des gouvernements face à la pandémie s’est plus souvent caractérisée par des occasions manquées que par l’exercice d’un véritable leadership de la part des autorités. Un trop grand nombre de gouvernements se reposent sur la société civile et les instances internationales. Certains États sont intervenus et ont développé des stratégies qui ont réduit la prévalence du VIH  . D’autres ont empêché la mise en œuvre de mesures efficaces en donnant crédit à des affirmations erronées sur la pandémie et ses causes. Certains gouvernements ont eu recours à une rhétorique homophobe qui a encouragé la violence et la discrimination et fini par empêcher les personnes d’avoir accès aux services dont elles avaient besoin. Plus nombreux encore sont les gouvernements qui ont retardé la mise en œuvre de leurs programmes parce qu’ils ne leur ont pas accordé la priorité dont dépendait pourtant leur efficacité.

Les conséquences du VIH  /sida   sur les droits humains constituent toujours un sujet de préoccupation international. La stigmatisation et la discrimination continuent de freiner l’efficacité de la prévention et des soins. La pauvreté et le manque d’accès aux services de santé empêchent aussi les personnes d’exercer leurs droits fondamentaux et de se protéger contre le virus. Le manque d’autonomie, et plus particulièrement de ressources financières, des femmes et leur exposition à la violence fondée sur le genre et au contrôle des hommes leur font courir plus de risques d’être infectées par le VIH  .

Les toxicomanes par voie intraveineuse, les travailleurs du sexe et les hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes risquent plus de contracter le virus dans les pays où le gouvernement et les services de santé n’ont pas mis en place de programmes pour lutter contre la stigmatisation, favoriser un débat plus ouvert et adopter des mesures de réduction des dommages. En se montrant incapables de discuter ouvertement des questions liées au sexe et à la drogue et de faire en sorte que les méthodes de prévention efficaces soient portées à la connaissance du public et rendues accessibles, des gouvernements ont failli à leurs responsabilités et fait perdre du temps à la lutte contre le VIH  .

L’accès au dépistage et aux médicaments antirétroviraux et le développement de vaccins et de méthodes de prévention pour les femmes telles que les bactéricides dépendent en grande partie d’une collaboration efficace entre gouvernements, compagnies pharmaceutiques, instituts de recherches et bailleurs de fonds. La mise en place de traitements et la commercialisation de moyens de prévention ne peuvent se faire que si les gouvernements assument leurs responsabilités et mènent des campagnes de sensibilisation efficaces.

Lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur le VIH  /sida   en 2001, les pays se sont engagés à mettre en œuvre un programme d’action pour faire face au VIH  . Six ans plus tard, et un an après le renouvellement de cet engagement, ce programme n’a pas été mené à bien.

Les 30 millions de personnes et plus qui vivent dans le monde avec le VIH   ont besoin d’actes autant que de mots ; ils ont besoin que leurs droits fondamentaux soient reconnus et respectés. Pour la Journée mondiale de lutte contre le sida  , Amnesty International demande à tous les États de faire en sorte de tenir leurs promesses.

POL 30/029/2007 le 3 décembre 2007 par Françoise Guillitte

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