Sénégal : les enfants séropositifs accèdent aux ARV pédiatriques

Vulnérables face au VIH, les enfants bénéficieront ils enfin d’une attention particulière ?

Publié le 19 décembre 2006 sur OSIBouaké.org

Dakar, 19 décembre - Quelque 3 000 enfants vivant avec le VIH   bénéficieront de médicaments antirétroviraux gratuits d’ici 2011, une initiative du Sénégal et de la Fondation Clinton qui permettra à plus de la moitié des petits patients d’avoir accès au traitement.

Le Sénégal s’est doté en août dernier, pour la première fois en 20 ans de lutte contre le sida  , d’un plan stratégique de cinq ans qui fait la part belle aux groupes les plus vulnérables à la pandémie, dont les enfants et les orphelins du sida  , attirant ainsi de nouveaux partenariats et financements.

« Le Sénégal a décidé de pallier ce déficit [d’attention] et régler cette injustice sociale par la conception d’un plan quinquennal de prise en charge des enfants vivant avec le VIH   », a expliqué le docteur Abdoulaye Sidibé Wade, coordonnateur du programme national de lutte contre le sida  .

Pour l’y aider, la Fondation de l’ancien président des Etats-Unis Bill Clinton offrira des thérapies pédiatriques à 3 000 enfants entre 2007 et 2011, dont 600 la première année, grâce à un financement UNITAID  , une facilité internationale d’achat de médicaments créée en septembre par la France, le Brésil, le Chili, la Norvège et le Royaume Uni.

Grâce à des sources de financement innovantes, telles que la taxe sur les billets d’avion, UNITAID   permet de fournir de manière durable des thérapies et des diagnostics qui jusque là restaient inaccessibles aux pays en développement : ARV   de deuxième ligne, formulations pédiatriques ou encore traitements antituberculeux pour les formes résistantes de la maladie.

Christian Robert Swan, représentant de la Fondation Clinton pour l’Afrique de l’Ouest, a salué la signature vendredi de l’accord avec les autorités sénégalaises, estimant que le Sénégal donnait ainsi « une réponse concrète de mise en œuvre [de l’UNITAID  ], une initiative tout à fait révolutionnaire ».

Le Sénégal devient en effet l’un des tous premiers pays à bénéficier de cette facilité d’approvisionnement en formules pédiatriques, mise en place par UNITAID   en partenariat, dans ce domaine spécifique, avec la Fondation Clinton, spécialisée dans l’accès des enfants aux traitements qui prolongent l’espérance de vie des personnes vivant avec le sida  .

Jusqu’à 25 000 enfants seraient orphelins du sida   au Sénégal et 5 000 enfants de moins de 15 ans seraient porteurs du VIH  /SIDA  , selon les Nations unies. Mais jusqu’à présent, aucun programme particulier n’avait été mis en œuvre au niveau national pour soigner et prévenir l’infection chez les enfants, malgré les appels du pied des associations.

« Cette situation ne peut se comprendre que par un manque d’intérêt pour les orphelins et les enfants vulnérables », a expliqué Ali Sow, chargé de programme au sein de l’Alliance nationale contre le sida   (ANCS) qui représente au Sénégal le partenariat international Alliance, basé au Royaume uni, une ONG très active dans la prise en charge et la prévention au sein des minorités.

Dès janvier 2005, l’Observatoire de la société civile, un collectif d’organisations de lutte contre le VIH  /SIDA   dont font partie l’ANCS et l’ONG internationale Enda Tiers Monde, s’interrogeait publiquement sur la pertinence des stratégies nationales de lutte contre l’épidémie, en l’absence « d’objectifs clairs et de projets ciblés sur les orphelins, les prostituées, les populations vulnérables ».

Grâce à une subvention de 28,9 millions de dollars accordée par le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme en novembre, 2 000 orphelins seront pris en charge financièrement et psychologiquement par l’ANCS dans huit des 11 régions du pays, identifiées comme les plus vulnérables et les moins soutenues par les partenaires au développement.

L’ANCS est depuis avril 2006 co-bénéficiaire, avec le Conseil national de lutte contre le sida   (CNLS), des subventions du Fonds mondial au Sénégal depuis l’interruption du premier financement géré par le seul CNLS, faute de résultats.

Le financement de l’institution internationale permettra l’achat des traitements ARV   d’un tiers des patients vivant au Sénégal, dont les enfants, soit 3 498 personnes d’ici 2011. Ces thérapies sont délivrées gratuitement par l’Etat depuis 1998.

Les autorités sénégalaises ont estimé que la lutte contre le sida   au cours des cinq prochaines années coûterait plus de 51 milliards de francs CFA, soit 101 millions de dollars, à l’Etat et à ses partenaires, dans un pays où le taux de prévalence est estimé à 0,7 pour cent de la population générale en 2005.

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