Ghana : s’il est conscient de ses droits, l’enfant est moins vulnérable au VIH

Un enfant informé est davantage protégé

Publié le 7 juillet 2006 sur OSIBouaké.org

6 juillet 2006 Après avoir attentivement écouté l’explication de l’avocate sur les droits des enfants et le VIH  , la jeune Irène, dix ans, se lève : “Est-ce que l’on peut attraper le VIH   en mangeant dans la même assiette qu’une personne séropositive ?”

La question d’Irène, élève d’une école publique d’Accra, la capitale du Ghana, en provoque d’autres. Ses camarades de classe s’interrogent : “Est-ce qu’on peut savoir qu’une personne est séropositive à partir de symptômes physiques ?”

“N’est-il pas vrai que les personnes séropositives qui ont l’air en bonne santé ne peuvent pas contaminer les autres ?”

Au terme de la séance de sensibilisation aux droits de l’enfant et des personnes vivant avec le VIH  /SIDA  , les animateurs sont donc revenus, patiemment, sur les interrogations des élèves — qui reflètent bien souvent celles de leur entourage.

« Cette expérience nous a permis de tirer la conclusion suivante : les enfants entendent très tôt parler du VIH  /SIDA  , mais les informations qu’ils reçoivent sont souvent éronées », a expliqué Jane Quaye, directrice de la Fédération internationale des avocates pour le Ghana (FIDA-Ghana).

FIDA-Ghana, la branche locale de l’organisation internationale dédiée à la promotion des droits de la femme et de l’enfant, est à l’origine d’une série d’initiatives pour promouvoir les droits de l’enfant, lutter contre les abus sexuels et sensibiliser sur le VIH  /SIDA  , des programmes en passe d’être étendus aux plus petites classes.

« Bien qu’il soit difficile et déroutant d’aborder la question du sida   avec des jeunes enfants, cela se révèle être essentiel », a souligné Jane Quaye.

En effet, selon FIDA-Ghana, les programmes de sensibilisation menés au sein des écoles publiques ont prouvé qu’un grand nombre de jeunes écoliers, filles et garçons, étaient victimes de sévices sexuels car ils étaient incapables de se protéger, faute d’informations.

En outre, il est très difficile pour les enfants d’aborder ces questions et de partager leurs problèmes avec leur parents ou leurs enseignants : selon la tradition ghanéenne, il n’est pas convenable de parler de sexualité aux enfants afin de préserver leur innocence.

Ainsi, les jeunes camarades d’Irène ont expliqué que leur entourage les traitait de menteurs quand ils évoquaient des attouchements, surtout lorsque l’auteur de tels abus se révélait être un membre de la famille. Ils sont souvent punis par leurs parents pour avoir parlé - et « dit la vérité », ont-ils expliqué.

Pour les enfants, la pandémie de VIH  /SIDA   est synonyme de la perte de l’un ou des deux parents, de stigmatisation et de discrimination, à l’école et dans la communauté.

Informer les enseignants sur les droits des enfants, une nécessité

A la fin de l’année 2003, environ 24 000 enfants de moins de 15 ans vivaient avec le VIH   au Ghana et près de 170 000 enfants de moins de 17 ans avaient perdu un ou deux parents à la suite de maladies liées au sida  . Seulement quelques milliers d’entre eux reçoivent une assistance en nourriture, en soins de santé, en protection, en éducation ou en soutien psychosocial, selon les Nations unies.

Pour aider les enfants à comprendre et surmonter les situations familiales difficiles et à se protéger du VIH  , FIDA-Ghana et l’organisation internationale HACI (Hope for African Children’s Initiative) ont ainsi formé les enseignants de trois régions dans l’ouest, l’est et le sud du pays à la protection des plus petits.

« Comme les enseignants travaillent directement avec les enfants, ils doivent leur fournir une information adéquate sur la transmission du VIH  /SIDA  , c’est sans aucun doute la meilleure façon de combattre la pandémie à long terme », a expliqué Jane Quayne.

Cette formation est également destinée à faire participer les enseignants à la lutte contre les sévices sexuels, et à apporter de l’aide aux enfants victimes d’abus. Les responsables d’établissement auront à leur tour à intervenir, lors des rencontres avec les parents, pour les informer des droits des enfants, de la nécessité de les respecter et du risque d’infection au VIH  .

Pour les y aider, FIDA-Ghana et HACI ont publié un manuel sur les violations des droits de l’enfant et le VIH  /SIDA  , qui fournit des informations sur la manière de sensibiliser les enfants âgés entre cinq et 14 ans.

L’ouvrage détaille également tous les moyens que les enfants peuvent adopter afin de grandir en toute sécurité. « Les enfants qui ne reçoivent pas d’information sur la maladie se trouvent démunis et incapables de se protéger contre le virus, notamment lorsqu’ils se trouvent dans des situations qu’ils ne peuvent pas maîtriser », a conclu Jane Quaye.

Selon la dernière étude sentinelle de séroprévalence, les plus jeunes, considérés par les autorités comme la « fenêtre d’espoir » de la lutte contre le sida  , étaient en 2005 les plus touchés par le VIH  , avec un taux d’infection pour les 25-29 ans de 3,6 pour cent, bien au-dessus de la moyenne nationale, estimée à 2,7 pour cent.

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