Burundi : Les anciens enfants soldats languissent en captivité

Les autorités doivent assurer leur réadaptation et leur réinsertion

Publié le 22 juin 2006 sur OSIBouaké.org

New York, 16 juin 2006

Le gouvernement burundais tient prisonnier plus qu’il ne réinsère les anciens enfants soldats associés aux rebelles des Forces Nationales pour la Libération, affirme Human Rights Watch dans un document d’information publié aujourd’hui.

A l’occasion de la Journée annuelle de l’enfant africain, Human Rights Watch appelle le gouvernement burundais à remplir ses obligations dans le cadre de la Convention des Nations Unies relative aux droits de l’enfant afin de protéger les droits de tous les enfants au Burundi, y compris ceux des anciens enfants combattants.

Des dizaines d’anciens enfants soldats FNL associés aux Forces Nationales pour la Libération ( FNL) souffrent d’attendre sous la garde du gouvernement - en prisons, cachots, et dans un centre d’accueil nouvellement ouvert pour anciens combattants des FNL - sans aucune clarté quant à leur statut juridique et sans savoir quand ils pourront retrouver leurs familles. Certains n’ont pas plus de treize ans. Human Rights Watch a rapporté la façon dont les anciens enfants soldats des FNL détenus dans des prisons vivent dans des cellules surpeuplées, mangent une fois par jour, et sont accusés de participation à la rébellion. En contraste, les enfants qui sont accueillis au centre d’accueil vivent dans de meilleures conditions et ne feront pas l’objet de poursuites, bien qu’hélas ils soient détenus avec des combattants adultes.

« L’absence d’une politique gouvernementale cohérente pour les anciens enfants soldats des FNL a aggravé leur souffrance, » a déclaré Alison Des Forges, conseillère senior pour l’Afrique à Human Rights Watch. « Les différents ministères doivent coordonner leurs politiques pour garantir un traitement, une assistance et une réadaptation équitables à ces enfants. »

Les FNL, la seule force d’opposition restante qui lutte encore contre le gouvernement, continue à utiliser les enfants comme combattants et soutien logistique. Bien que beaucoup d’enfants aient déserté ou aient été capturés par le gouvernement, un nombre inconnu continue à servir dans les rangs de la rébellion.

Le gouvernement burundais a forcé certains enfants des FNL à collaborer avec l’armée pour la recherche et l’identification de combattants ou collaborateurs actifs des FNL. Un tel travail forcé met ces enfants en danger immédiat et peut compliquer leur future réintégration dans leur communauté.

Les mineurs à la garde du gouvernement sont détenus avec des adultes reconnus coupables de crimes ou des combattants expérimentés, au détriment de la sécurité et du bien-être de ces mineurs et en violation du droit national et international.

« Le gouvernement doit mener une action urgente pour extirper ces enfants soldats du système carcéral, » a déclaré Des Forges. « Les autorités doivent aussi garantir que les anciens enfants soldats ne seront pas gardés prisonniers avec des adultes. »

En 2000, le gouvernement burundais et 17 parties et belligérants ont signé les Accords de Arusha, qui ont mis en place un cadre de travail pour un gouvernement de transition et ont aidé à mettre un terme à la guerre civile. Le groupe d’opposition le plus important, le Conseil national pour la défense de la démocratie - Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD), a signé un accord de paix peu après.

Depuis décembre 2004, plus de 3000 anciens enfants soldats et aides ont bénéficié d’un programme global de démobilisation et ont reçu une formation professionnelle. Etant donné que les FNL n’ont pas signé l’accord de paix, les enfants soldats associés à ce groupe n’ont hélas pas bénéficié de ces programmes. Les FNL et le gouvernement tiennent actuellement des pourparlers de paix dans la capitale tanzanienne Dar es Salaam.

« Le gouvernement burundais doit aider à la réadaptation et à la réinsertion sociale des enfants victimes de ce conflit armé, » a déclaré Des Forges. « Les autorités devraient prendre toutes les mesures nécessaires pour garantir que les enfants soldats qui ont servi dans les FNL soint libérés et pour favoriser leur réadaptation et leur réinsertion. »

La Journée de l’enfant africain est célébrée chaque année depuis 1991, en l’honneur des enfants qui ont été tués à Soweto par le gouvernement sud-africain de l’apartheid en 1976 alors qu’ils manifestaient contre un accès à inégalitaire l’éducation. Initié par l’Organisation de l’unité africaine, précurseur de l’Union africaine, cet événement annuel appelle tous ces pays à inspecter les progrès réalisés en matière de protection, d’égalité et de sécurité de tous les enfants africains.

© Copyright 2003, Human Rights Watch 350 Fifth Avenue, 34th Floor New York, NY 10118-3299 USA

imprimer

retour au site