Zimbabwe : la vulnérabilité des enfants augmente alors que la situation humanitaire se détériore

Publié le 25 janvier 2006 sur OSIBouaké.org

JOHANNESBOURG, 25 janvier 2006 (PLUSNEWS) - Les enfants plus vulnérables aux abus sexuels à mesure que la situation humanitaire se détériore

La détérioration de la situation humanitaire au Zimbabwe rend les enfants plus vulnérables aux abus sexuels, ont déclaré les associations de défense des droits des enfants.

Ainsi, Witness Chikoko, le directeur intérimaire du Réseau africain pour la prévention et la protection contre l’abus et la négligence de l’enfant, a expliqué que « comme les frais de scolarité ont augmenté, beaucoup d’enfants se rendent dans les écoles [et essaient de négocier le paiement] — ce qui les rend plus vulnérables auprès des professeurs qui abusent d’eux ».

Le personnel d’un pensionnat d’une école primaire située à proximité de Marondera, en dehors de la capitale Harare, a été récemment accusé d’avoir fait subir des sévices à 52 jeunes filles. Dans une autre école primaire de Harare, 14 jeunes filles ont été apparemment abusées sexuellement par certains membres du personnel.

Girl Child Network (GCN), une ONG qui travaille dans 32 des 58 districts que compte le Zimbabwe, a indiqué qu’en moyenne 700 cas de viols perpétrés sur des jeunes filles de moins de seize ans avaient été enregistrés chaque mois en 2005, soit plus de 8 000 cas au total.

Selon GCN, environ 93 pour cent des enfants ayant été violés au Zimbabwe sont des filles et sept pour cent sont des garçons.

« Les chiffres sont élevés parmi les filles, car ce sont elles qui, en majorité, nous informent », a déclaré Betty Makoni, la fondatrice et directrice de GNC. Cependant, elle reconnait que de nombreux abus sexuels sont perpétrés dans le pays.

« Il s’agit d’une combinaison de facteurs : un nombre important d’orphelins du sida   et une pauvreté croissante, qui contraint les filles à exercer des professions à risques comme la prostitution, ou à accepter des mariages forcés. »

« Environ la moitié des filles victimes de viols proviennent de foyers dirigés par un enfant », a-t-elle ajouté. Le Zimbabwe affiche un des taux de prévalence du VIH  /SIDA   les plus élevés d’Afrique australe : un enfant sur cinq y est orphelin.

James Elder, le porte-parole du Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a indiqué que l’organisation s’était déclarée « horrifiée » par le taux élevé d’abus sexuels enregistré chez les enfants. Selon l’Unicef, un million d’enfants sont orphelins, et donc plus vulnérables, au Zimbabwe.

Désormais, l’Unicef travaille davantage avec les communautés. L’agence leur apprend à repérer les signes de sévices chez un enfant et les encourage à “perservérer à les protéger en établissant et en soutenant des comités opérationnels de protection de l’enfant où les enfants sont eux-mêmes représentés », a ajouté James Elder.

« Les chefs de communauté, les professeurs, les parents : ces gens sont en première ligne dans la lutte contre les abus faits aux enfants », a expliqué Jose Berga, le responsable de la protection de l’enfance auprès de l’Unicef au Zimbabwe.

« Si l’on veut arrêter les auteurs de ces sévices, si l’on veut que les enfants arrivent à dénoncer ces atrocités, les autorités doivent alors expliquer ouvertement que les violences à l’égard des enfants exercée au sein de leur communauté ne sera pas tolérée. Garder le silence protège les auteurs de ces sévices et constitue un crime à l’égard des droits de l’enfant ».

Le Zimbabwe connait une grave crise économique et fait face à une sévère pénurie alimentaire suite à de mauvaises récoltes et au programme accéléré de réforme foncière qui a débuté en 2000 et qui a déstabilisé la production agricole et réduit les bénéfices provenant d’opérations d’exportation.

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