Le Brésil et l’Unicef attaquent la politique contre le sida de Bush

Publié le 2 décembre 2005 sur OSIBouaké.org

BRASILIA, 21 nov 2005 (AFP)

Le responsable du programme de lutte contre le sida   au Brésil et le directeur de l’Unicef en Amérique latine ont attaqué lundi à Brasilia la "politique intégriste religieuse" du président américain George W. Bush pour combattre cette maladie.

Le responsable du programme antisida du ministère brésilien de la Santé, Pedro Chequer, a affirmé que cette politique, qui conditionne les aides financières à l’abstinence sexuelle comme principale méthode de prévention dans les pays bénéficiaires, courait le risque de provoquer un véritable "génocide".

Lors d’une conférence de presse pour présenter les résultats du rapport annuel de l’ONU   sur le VIH  /sida  , M. Chequer a dénoncé "l’imposition de politiques anti-scientifiques sur des bases théologiques intégristes" de la part des Etats-Unis.

"Je dirais sans avoir peur de me tromper que l’abstinence ne fonctionne même pas chez le clergé catholique ; c’est un fait, nous ne pouvons le nier", a affirmé le responsable brésilien.

La prévention fondée sur l’abstinence est "vouée à l’échec" et peut créer une "inversion" de la tendance à la baisse du VIH  /sida   dans de nombreux pays et c’est pourquoi "nous allons provoquer un génocide", a-t-il ajouté.

Le directeur du Fonds des Nations unies pour l’Enfance (Unicef) en Amérique latine, Nils Karstberg, a déploré quant à lui "qu’en ce moment en Amérique centrale et dans une partie des Caraïbes, on conditionne trop les ressources en matière de prévention à des programmes qui ne sont financés que s’ils sont basés sur l’abstinence".

M. Kartsberg a fait remarquer qu’il y avait de plus en plus de cas de sida   chez les femmes en raison du viol de fillettes et d’adolescentes, souvent par des adultes de leur entourage familial.

"El là, l’abstinence n’a pas de sens puisque ces fillettes sont violées", a-t-il souligné.

De plus, selon les deux responsables, une bonne partie des fonds attribués par le programme PEPFAR   (Plan d’urgence du président des Etats-Unis contre le sida  ) -15 milliards de dollars en cinq ans pour quinze pays-, reste aux Etats-Unis pour acheter des médicaments de l’industrie locale.

Le Brésil a refusé en mai dernier une aide de 48 millions de dollars du gouvernement américain parce que les Etats-Unis exigeaient en contrepartie de cette aide, une condamnation de la prostitution, les prostituées étant les principales bénéficiaires du programme.

Depuis la fin des années 1990, le Brésil a mis en place un programme pionnier de lutte contre le sida   en matière de prévention et de traitement qui a réduit de plus de 40% les décès dus à cette maladie.

Le programme brésilien d’antirétroviraux prévoit la fourniture gratuite d’un cocktail de 16 médicaments à 155.000 séropositifs dans tout le pays. Il a remporté le Prix Gates de Santé Mondiale 2003.

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