Urgence Bouaké : appel à mobilisation

A la recherche de nouveaux parrains

Publié le 20 avril 2005 sur OSIBouaké.org

« Sans vous, notre vie n’est rien, comme une bouteille qui tombe si l’on ne l’attrape pas » Korotoum, 9 ans, Bouaké, Côte d’Ivoire.

Paris, le 11 août 2003

Chers amis,

Notre association existe depuis 3 ans et cherche à organiser la solidarité des habitants des pays du Nord en direction des orphelins du sida   vivant dans les pays du Sud. C’est notre manière à nous d’apporter notre pierre à la lutte contre le sida   qui ravage ces pays. Vous le savez, on le lit partout, l’Afrique est touchée de plein fouet par cette maladie qui tue chaque jour de nombreux adultes, et laisse dans son sillon un grand nombre d’orphelins. Les instances internationales comptent d’ores et déjà plus de 40 millions de personnes séropositives dans le monde (90% dans les pays du sud), et plus de 13 millions d’orphelins du sida  . Les projections officielles nous annoncent que les orphelins du sida   seront 26 millions dans le monde en 2010.

Devant ce désastre annoncé, et parce que ces enfants appartiennent à une génération particulièrement fragilisée et exposée à une contamination précoce par le VIH  , nous avons décidé de tenter de ralentir cet engrenage (parents morts du sida   laissant des orphelins à leur tour exposé au VIH  ). Il faut pour cela nous mobiliser pour essayer de réduire l’impact de l’épidémie dans la vie de ces orphelins, en particulier en terme de maintient de la scolarisation de ces enfants. Le plus souvent les parrainages permettent aux orphelins de continuer de vivre dans la famille élargie. Nous avons donc actuellement 200 parrainages dans 7 pays (Afrique du Sud, Argentine, Burkina Faso, Burundi, Côte d’Ivoire, RDC, Togo,). Au regard des chiffres cités plus haut, notre action peut paraître bien dérisoire, presque rien... On peut même se dire que c’est vain, que nous ne parviendrons jamais à répondre à la hauteur du drame qui se déroule. Et pourtant... Pourtant dans la vie de ces enfants, les parrainages ont un impact considérable, ils changent véritablement la vie des orphelins, leur redonnant espoir, courage, confiance, tout en leur permettant de subvenir à leurs besoins essentiels (se nourrir, s’habiller, aller à l’école, et parfois se soigner). Etrangement, l’ampleur du phénomène joue contre nous : plus nous alertons, plus nous avons des difficultés à mobiliser de nouveaux parrains. Nous avons mené au printemps une petite campagne dans la presse afin de recruter de nouvelles personnes prêtes à contribuer chaque mois à transformer la vie d’un orphelin. Sans succès. La mobilisation tarde à venir.

Depuis 2 ans, je suis la référente de nos parrainages en Côte d’Ivoire, et j’ai décidé de vous interpeller aujourd’hui car la situation à Bouaké est grave. Nous y travaillons en partenariat avec une association locale de lutte contre le sida   (le centre SAS - Solidarité Action Sociale) qui prend en charge de nombreux orphelins. Nous y parrainons depuis 2 ans, 33 enfants et 2 aïeules.

« On dit qu’il n’y a personne ici à Bouaké. Moi je dis qu’il y a des gens car nous nous sommes là » Lassinan, 10 ans

2 événements simultanés nous précipitent dans l’urgence

  • Le 1er événement concerne la Côte d’Ivoire et les troubles politiques qui jettent la confusion dans le pays. La ville de Bouaké a été prise d’assaut le 19 septembre 2002 par des rebelles armés. Le centre-ville a été bouclé, la population a fui et s’est dispersée, l’approvisionnement en eau et électricité a été coupé pendant des semaines. Sortir de la ville était devenu impossible, y rester était très dangereux. Actuellement, Bouaké est le siège de la rébellion, et les hommes armés contrôlent toujours la ville.

Dans ce contexte, nous sommes quand même parvenus à maintenir le lien téléphonique avec le SAS. Penda Touré, la directrice, a réussi à s’occuper des enfants grâce à l’argent qu’elle avait mis de côté pour la rentrée scolaire (qui n’a pas eu lieu). De nombreux parents sont morts du sida   pendant cette période , augmentant encore le nombre d’orphelins cherchant de l’aide auprès du SAS. Des orphelins que nous parrainions ont disparu, d’autres ont réussi à fuir jusqu’à Abidjan ou dans d’autres provinces. Il reste actuellement à Bouaké 19 orphelins sur les 35 parrainés à l’origine. D’un autre côté, pour répondre à l’hécatombe des parents décédés ces derniers mois, OSI a décidé de parrainer 5 enfants supplémentaires. Nous avons donc actuellement 24 parrainages à Bouaké : 22 orphelins et 2 aïeules.

  • Il devient maintenant possible de reprendre les transferts de fond entre nos 2 pays, et OSI s’apprête donc à relancer nos parrainages avec le SAS (transferts Paris-Abidjan). Mais un obstacle supplémentaire s’annonce : notre parrain collectif (30 parrainages), après de nombreux efforts de sa part pour maintenir sa contribution, doit renoncer à son engagement. Il nous appartient donc de trouver des personnes qui pourraient prendre le relais à une échelle individuelle, afin que les orphelins déjà parrainés puissent continuer de l’être. Aujourd’hui, nous devons nous mobiliser et trouver 18 personnes vivant en Europe et prêtes à s’engager à verser 23 euros/mois pour que ces orphelins du sida   vivant en zone de guerre continuent d’être parrainés.

Voici 2 semaines, j’ai reçu une grosse enveloppe du SAS, avec de nombreux courriers de ces enfants. Ils nous disent combien un geste simple peut changer toute leur vie. Ils nous adressent tous leurs espoirs en l’avenir, et nous disent leur réalité d’« orphelins du sida   ». Ils m’ont rappelé des visages connus, des souffrances dont j’ai été moi-même témoin lorsque je leur ai rendu visite il y a 2 ans. Ils nous disent avec leurs mots d’enfants combien un peu d’argent peut changer leur vie.

« Croyez-moi je n’ai personne sur qui compter. Qui puisse aussi m’aider. Seulement ma grand-mère qui se charge de ma scolarité, elle se débrouille pour que je puisse manger. (..) Comprenez-moi sans ma grand-mère... L’argent que vous donnez à ma grand-mère sert à nous nourrir et à nous habiller, à payer notre scolarité. Je suis une petite fille de 13 ans, mon école s’appelle EPP Belleville I » Minata

« Que Dieu vous bénisse et qu’il vous donne une longue vie pour que dans l’avenir d’autres enfants d’Afrique puissent bénéficier de parrainages comme moi » Victoire

« Papa bonjour, Je suis orpheline de papa et de maman et je prends votre argent chaque fin de mois pour payer mes cahiers, caleçon et robe et puis manger. Je suis à l’école IRDO en classe de CE1. Je veux des bons bons manger. Je vous remercie papa pour m’encourager » Fatoumata

« Sans vous j’étais perdu, c’est grâce à vous que je vis. Je veux un jeu électronique. Je vous remercie. Je vis avec ma grand-mère et elle n’a rien » Roland

« Cher parrain, La crise réduit ma ville. L’argent est très rare. En ces temps, décrire ce que traverse mon pays et ma ville Bouaké est difficile, mais je profite de l’occasion pour vous adresser mes sincères remerciements pour tout ce que vous faites pour moi dans ma vie d’orpheline. Que Dieu tout puissant miséricordieux, veille sur vous et vous comble de ses grâces à jamais. Merci merci et merci. » Marie Agnès Manuela

« Je ne sais quoi vous demander que de me permettre à aller à l’école pour pouvoir poursuivre mes études et un jour aussi venir en aide à d’autres enfants. J’aimerais aussi avoir votre photo donc je joins à la note ma photo. J’ai besoin des bouquins pour pouvoir nourrir encore mon intelligence. Je vous remercie encore plus » Votre fils Sylvain

« Avec cet argent, j’arrive à manger à ma faim, je m’habille correctement. Merci cher papa car vous êtes ma seconde famille. Je compte sur vous pour pouvoir poursuivre mes études » Michel

« Je vous aime beaucoup sans vous connaître » Laurence

Ce sont ces mots qui m’ont finalement décidée à vous écrire ce courrier d’alerte. Pouvons-nous abandonner ces enfants ? Est-il possible que nous les laissions sans espoir ? OSI s’est engagée, et je suis convaincue qu’il nous est possible de trouver les 18 personnes qui pourront prendre le relais afin que nous puissions continuer notre action auprès de ces enfants.

Concrètement, en quoi consiste un parrainage ?

Il s’agit de s’engager à verser chaque mois 23 euros à OSI. Notre association est l’interface entre les parrains et les enfants. Pour des questions de commodité, il est possible de payer par trimestre ou annuellement. Nous demandons aux parrains de s’engager au moins sur un an, et d’accepter de correspondre avec l’enfant qu’il parraine. Pour Bouaké, comme le courrier ne fonctionne pas encore normalement, nous ferons des départs groupés de courriers des parrains à date fixe. Les enfants écrivent en moyenne 3 fois par an à leur parrain, mais il est possible d’avoir des nouvelles entre temps par notre correspondant local (au SAS, il s’agit de Marthe qui connaît tous les enfants et se rend régulièrement au domicile). Les 23 euros sont affectés comme suit : environ 3 euros pour rémunérer notre interlocuteur du SAS, et 20 euros pour l’enfant. Néanmoins, le SAS épargne 5 euros chaque mois sur chaque parrainage. Cet argent est capitalisé toute l’année et revient à l’enfant au moment de sa rentrée scolaire (il permet de faire face aux dépenses exceptionnelles liées à la rentrée : inscription, uniforme, fourniture etc). Les parrainés reçoivent donc environ 15 euros chaque fin de mois. Il faut savoir que cet argent profite généralement à toute la fratrie, c’est le tuteur qui le gère sous le regard attentif de Marthe. Nous nous adaptons forcément aux réalités locales, tout en restant fermes sur notre exigence de scolarisation des enfants parrainés.

Nous recherchons actuellement 18 parrains pour Bouaké : pour 9 filles et 9 garçons.

Je vous remercie d’avoir eu la patience de lire cette longue lettre. Peut-être vous sentez-vous prêt à vous lancer dans cette aventure ? Peut-être que vous comptez déjà parmi nos parrains ? Mais aussi peut-être que votre situation financière ne vous permet pas un engagement mensuel ou que le moment n’est pas venu... Dans tous les cas, je compte sur votre soutien : il nous sera précieux. Vous avez peut-être pensé à des amis ou à des personnes que vous connaissez et qui seraient susceptibles de se mobiliser... Merci de faire circuler cette lettre d’alerte autour de vous, merci pour votre soutien et votre solidarité. Vous trouverez ci-joint le formulaire que les parrains intéressés doivent nous retourner. Si vous souhaitez d’autres informations sur OSI avant de vous engager, n’hésitez pas à me contacter, nous avons des brochures et des documents que nous pouvons vous envoyer. Je suis également disponible pour discuter avec vous par téléphone de la situation en Côte d’Ivoire.

Nous avons plus que jamais besoin de vous... Le sida   ne fait pas que des morts, il fait aussi des orphelins. La lutte doit donc continuer.

Solidairement,

Sandrine Dekens Référente Côte d’Ivoire

PS : Certaines personnes souhaiteront faire un don ponctuel plutôt qu’un parrainage régulier. Ces dons nous permettent d’assurer la continuité du paiement des parrainages auprès de l’enfant lorsqu’un parrain se désengage. Il vous suffit de nous adresser votre chèque qui sera le bienvenu.

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