Le taux d’infection au VIH dépasse 18 pour cent au CDV de Bouaké

Publié le 27 septembre 2005 sur OSIBouaké.org

BOUAKE, 27 septembre 2005 (PLUSNEWS) Plus de 18 pour cent des personnes dépistées au Centre de dépistage volontaire (CDV) de Bouaké, au coeur de la Côte d’Ivoire, sont positives au VIH  /SIDA  , a dit à PlusNews le coordonnateur de ce CDV ouvert en avril.

« Après plus de quatre mois d’activité, 200 personnes ont été dépistées positives, alors que nous avons dépisté 1 077 personnes”, a expliqué le docteur Karim Kouyaté. “Parmi ces 200 personnes, 134 sont sous traitement antirétroviral (ARV  ).”

Outre le soutien médical offert par l’organisation internationale Médecins sans frontières (MSF  ), installée dans l’hôpital de Bouaké, les patients reçoivent également un appui nutritionnel en riz, maïs, soja, sel et huile du Programme alimentaire mondial (PAM).

Les centres de Bouaké, dans le centre du pays, et de Man, dans l’ouest, ont vu le jour en avril, pour la première fois depuis le déclenchement de la guerre civile en septembre 2002. Le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme fournit les équipements pour le laboratoire, les réactifs et les ARV  .

Selon le docteur Kouyaté, le CDV reçoit en moyenne au moins une dizaine de personnes par jour. “A chaque fois, trois nouvelles personnes sont inclues dans notre programme de prise en charge”, a-t-il précisé.

Les centres sont installés dans les locaux des centres hospitaliers régionaux et sont chargés du dépistage et de la prise en charge médicale des personnes infectées au VIH  , ainsi que de la prévention des infections sexuellement transmissibles (IST).

Selon le docteur Gnangui Adja, directeur de ce programme du ministère ivoirien de la Santé, les fonds internationaux ont également permis de former le personnel médical, 24 médecins, techniciens de laboratoires et infirmiers pour le CDV de Bouaké et 17 à Man.

L’ouverture de ces centres était devenu une priorité dans la partie nord du pays. Avant, les personnes dépistées positives devaient se rendre à Abidjan, la capitale économique au sud du pays, pour se procurer des ARV  .

En Côte d’Ivoire, le traitement ARV   coûte 5 000 francs CFA, soit environ 10 dollars, par personne et par trimestre.

Selon le docteur Kouyaté, d’autres CDV pourraient être ouverts à Odienné et à Séguéla, dans le nord et le centre-ouest, une région sous contrôle de la rébellion des Forces Nouvelles (FN) où le système de santé a énormément souffert des conséquences du conflit.

« Dans les zones sous contrôle des FN, les agents de la santé ont fui les affres de la guerre alors que des comportements à risque voyaient le jour”, a expliqué le docteur. “Les militaires des FN viennent aussi se faire dépister et parmi eux, il y a des personnes dépistées positives et que nous suivons... Avec cette guerre, l’épidémie a connu une flambée liée à l’ignorance.”

Pourtant, le docteur Kouyaté a dit ne pas avoir les moyens matériels et financiers de conduire des campagnes de sensibilisation au VIH  /SIDA  . “Nous lançons un appel aux bonnes volontés pour venir nous aider afin de sensibiliser les populations », a-t-il dit.

Le taux de prévalence national est estimé à sept pour cent, d’après le rapport 2004 de l’Onusida  . Mais plusieurs organisations, parmi lesquelles RetroCI, un projet financé par le département américain de la santé, estiment que ce taux pourrait dépasser 11 pour cent à l’intérieur du pays, en particulier dans le nord.

Le gouvernement ivoirien, via son ministère de la Lutte contre le sida  , a lancé fin 2004 une enquête nationale de séroprévalence auprès de quelque 12 000 personnes sur l’ensemble du territoire. Ses résultats devraient être bientôt rendus public, selon les responsables ivoiriens.

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