Les jeunes générations africaines menacées par le Sida

Publié le 23 juillet 2005 sur OSIBouaké.org

Le Potentiel (Kinshasa)Publié sur le web le 22 Juillet 2005

Stephane Etinga

Le sida   menace l’avenir des jeunes générations en Afrique. C’est ce que met en évidence un rapport que l’Unicef vient de rendre public. L’organisation appelle les responsables politiques à s’engager dans une « véritable guerre « contre l’épidémie.

Des chiffres effroyables : Dans le monde, 6 jeunes de moins de 25 ans contaminés chaque minute. Lorsque vous terminé la lecture de cette page, six jeunes de moins de 25 ans à travers le monde auront contracté le virus du sida  , la plupart d’entre eux en Afrique. Les jeunes de 15 à 25 ans représentent déjà aujourd’hui un tiers des séropositifs de la planète, soit dix millions de personnes. Parmi les victimes de la pandémie, on peut ajouter les dix millions d’orphelins du sida   qui doivent vivre seuls parce que leurs parents ont succombé au virus.

Les enfants première victime : L’Afrique, et particulièrement le sud-est du continent affichent les chiffres les plus terribles. Au Botswana, dans la tranche d’âge 15 à 24 ans, une jeune femme sur trois et un jeune homme sur sept sont infectés par le Vih  . En Afrique du Sud, au Lesotho et au Zimbabwe, une jeune femme sur quatre et un jeune homme sur dix sont contaminés.

Parmi les conséquences de l’épidémie, l’Unicef remarque que l’avenir des enfants est hypothéqué en Afrique subsaharienne. L’an dernier, 860 000 enfants ont été privés de leurs enseignants, morts du sida  . Une conséquence d’autant plus dramatique de l’épidémie que c’est par le biais de l’éducation que doivent passer les messages d’information et de prévention.

UN EFFORT D’EDUCATION

L’Unicef préconise en effet une réponse forte en matière d’éducation. Ce que l’organisation appelle un « processus suivi d’éducation « . En clair, les enfants doivent être informés dès le plus jeune âge des modes de transmission de la maladie et de ses conséquences avec des mots qu’ils sont en mesure de comprendre. Ces informations doivent ensuite être répétées au fil des années, pour que les « enfants les assimilent peu à peu tout en grandissant « . D’après les études publiées, le risque de transmission du sida   de la mère à l’enfant est de mieux en mieux compris. Une enquête conduite dans 18 pays touchés fortement par l’épidémie montre que dans 15 de ces pays de 60 à 96 % des femmes enceintes connaissent les mesures à prendre si elles sont séropositives.

Le constat que dresse l’Unicef est plus qu’alarmant. Les responsables politiques sont sommés de mettre en oeuvre toutes les mesures nécessaires pour éviter la propagation du virus aux jeunes générations. L’Unicef entend d’ailleurs porter la question devant le Conseil de sécurité de l’Onu   estimant que le sida   menace la sécurité nationale et la stabilité en Afrique.

L’exploitation sexuelle des enfants vecteur de la propagation du Vih  /Sida   :

Le lien entre la propagation du Vih  /Sida   et l’exploitation sexuelle des enfants constitue l’un des aspects les plus troublants et les plus complexes de cette épidémie. Qu’il s’agisse des mythes sur les vertus curatives des rapports sexuels avec de toutes jeunes filles ou d’attitudes macho prônant un comportement sexuel violent envers les femmes et les filles, la relation entre les abus sexuels sur les enfants et la propagation du Vih  /Sida   est claire.

Les enfants sont entraînés de force dans le commerce du sexe (on estime leur nombre à un million chaque année). Ce sont eux qui risquent le plus de contracter et de propager le Vih  /Sida  . Il est impératif de prendre des initiatives visant à s’attaquer directement à des comportements sexuels jusqu’à présent plus ou moins tolérés tout en mettant les enfants à l’abri du commerce du sexe.

C’est en tout cas ce qu’il faudra tenter d’imposer lors du deuxième Congrès mondial contre l’exploitation sexuelle des enfants à des fins commerciales, qui se tiendra du 17 au 20 décembre à Yokohama (Japon) et qui est organisé par l’Unicef, Ecpat International, le groupe des Ong pour la Convention relative aux droits de l’enfant et le Gouvernement japonais. Les travaux de recherche et les réunions préparatoires ont montré qu’il fallait non seulement protéger les enfants victimes de l’exploitation sexuelle à des fins commerciales mais aussi réduire la demande chez les auteurs de ces sévices, des hommes le plus souvent. Contrairement à ce que l’on croit généralement, les études montrent que la majorité des exploiteurs sexuels ne correspondent pas au profil classique du pédophile. Ce sont souvent des hommes qui fréquentent des prostitué(e)s et qui par machisme ou indifférence choisissent des enfants de plus en plus jeunes comme partenaires sexuels. Si, dans certaines régions du monde (surtout en Asie et en Afrique), les filles très jeunes sont particulièrement prisées, c’est parce que les questions de transmission du Vih  /Sida   se heurtent à l’ignorance de la population et que les mythes sur les vertus curatives de la virginité abondent. En réalité, les enfants sont par nature plus vulnérables aux lésions, infections et maladies et ils sont rarement en mesure d’exiger des rapports protégés ou de repousser un agresseur violent. Dans certains des pays les plus durement touchés, le taux d’infection chez les adolescentes est cinq à six fois plus élevé que chez les adolescents. On estime à 13 millions le nombre de jeunes de 15 à 24 ans les orphelins du Sida   :

Lors d’une réunion préparatoire du Congrès de Yokohama qui s’est tenue récemment à Rabat (Maroc), les délégués africains ont mis en évidence un autre lien entre le Vih  /Sida   et l’exploitation sexuelle des enfants. En Afrique subsaharienne, cette maladie a fait périr les parents de douze millions d’enfants. Il est prévu que ce chiffre double au minimum au cours de la prochaine décennie. Ces orphelins se retrouvent entraînés vers le commerce du sexe. Non seulement ils ont perdu leurs parents, mais ils vivent dans une pauvreté encore plus grande, sans possibilité de scolarisation, et ils sont recrutés pour faire le trottoir ou pour le travail forcé. Ces facteurs accroissent leur vulnérabilité dans des proportions considérables. L’Unicef s’efforce de protéger les enfants qui sont les plus exposés. Au Rwanda, l’institution donne aux familles dirigées par des enfants des fournitures scolaires afin qu’ils puissent continuer l’école. En Haïti, elle encourage la formation d’éducateurs du même âge pour aider les jeunes à comprendre les risques associés à certains comportements. A Madagascar et au Zimbabwe, elle intervient dans des centres spéciaux pour femmes et enfants battus où l’on propose des informations sur le Sida  . En Ukraine, le pays d’Europe où la propagation du Vih  /Sida   est la plus rapide et où la grande majorité des toxicomanes sont encore adolescents, l’Unicef a établi des centres d’information pour la jeunesse ainsi qu’un numéro d’assistance.

imprimer

retour au site