Côte-d’Ivoire : Ouattara proclamé vainqueur, le camp Gbagbo contre-attaque

Publié le 3 décembre 2010 sur OSIBouaké.org

Libération - 02/12/2010 à 13h20 (mise à jour le 03/12/2010 à 07h45) - Thomas Hofnung

La confusion la plus totale règne en Côte-d’Ivoire. Alors que la commission électorale ivoirienne a donné en fin de journée Alassane Ouattara vainqueur de la présidentielle avec plus de 54% des voix, cette annonce surprise a aussitôt été rejetée par le Conseil constitutionnel. Un peu plus tard dans la soirée, vers 22H00, l’armée a indiqué à la télévision publique que toutes les frontières du pays ont été fermées « jusqu’à nouvel ordre ». La suspension des chaînes d’info étrangères a également été ordonnée.

Les résultats provisoires annoncés ce jeudi par la commission électorale ivoirienne et donnant Alassane Ouattara vainqueur de la présidentielle avec plus de 54% des voix ne sont pas valables, avait affirmé auparavant le président du Conseil constitutionnel,acquis à la cause de Laurent Gbagbo,Paul Yao N’dré, sur la télévision publique.

« La Commission électorale indépendante (CEI) a épuisé son délai pour donner des résultats provisoires », a-t-il déclaré. « Dès cet instant, la CEI n’est plus à même de décider quoi que ce soit », a-t-il affirmé. Le Conseil constitutionnel doit désormais statuer sur les requêtes pour « donner les résultats définitifs du second tour » dans « les heures qui suivent », a-t-il insisté.

Youssouf Bakayoko, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) a annoncé la victoire d’Alassane Ouattara avec 54,1% des voix. C’est depuis l’hôtel du Golf d’Abidjan que Youssouf Bakayoko a fait son annonce, un hôtel sécurisé par l’ONU  , lieu de résidence depuis plusieurs jours du Premier ministre Guillaume Soro et du vainqueur de l’élection présidentielle, Alassane Ouatarra.

Tout de suite après l’annonce des résultats provisoires, Youssouf Bakayoko a été évacué vers l’aéroport international, sous la protection de pas moins de 140 Casques bleus, pour être mis en lieu sûr ou être évacué.

« Rassemblement pour la paix »

Le vainqueur de la présidentielle a appelé au « rassemblement » pour la « paix », dans sa première déclaration après l’annonce des résultats, depuis un grand hôtel d’Abidjan. Il a dit avoir « une pensée pour toutes les victimes de (la) longue crise » qui déchire le pays depuis une décennie, et se fixe comme priorité de « rassembler la Nation autour des valeurs de paix, de pardon, de réconciliation et d’union ». Il promet aussi de former « un gouvernement d’union » rassemblant notamment les « différentes forces politiques ».

Nicolas Sarkozy a lancé, dans un communiqué, « un appel aux dirigeants et responsables ivoiriens concernés pour que le processus électoral, si bien engagé, s’achève rapidement dans un climat apaisé et ouvre à la Côte d’Ivoire une nouvelle ère de paix et de prospérité ».

Menace de l’ONU  

Le Conseil de sécurité de l’ONU   a menacé ce jeudi de « prendre les mesures appropriées » contre ceux qui entravent le processus électoral.

« Les membres du Conseil de sécurité ont réaffirmé leur volonté de prendre les mesures appropriées contre ceux qui entravent le processus électoral et en particulier le travail de la Commission électorale indépendante (CEI) », a souligné Susan Rice, ambassadeur des Etats-Unis aux Nations unies et présidente en exercice du Conseil de sécurité pour le mois de décembre. Partisans de Ouattara tués mercredi soir

Lors d’une attaque menée mercredi soir dans un bureau du parti de l’opposant Alassane Ouattara, à Abidjan, dans le quartier populaire de Yopougon, plusieurs personnes ont été tuées. L’AFP fait mention de huit personnes tuées, des sources internationales parlent de quatre morts.

Selon ces mêmes sources, cette attaque délibérée est le fait de la gendarmerie ivoirienne. Officiellement, les gendarmes étaient à la recherche d’une cache d’armes. « Les gens à l’intérieur ont hurlé et les hommes armés ont commencé à tirer », tuant plusieurs personnes, a indiqué à l’AFP l’un d’eux, sans préciser l’identité des assaillants.

Ce dernier a expliqué qu’une cinquantaine de partisans de Ouattara étaient alors à l’intérieur, attendant l’annonce des résultats du scrutin, qui n’est finalement pas intervenue. Le sol du bureau était maculé de sang et des impacts de balles étaient visibles sur les murs, selon un journaliste de l’AFP. Une quinzaine de personnes ont été blessées, d’après une source hospitalière, dont plusieurs par balles.

Fausse information d’Euronews

L’attaque s’est déroulée aux alentours de 23h30, c’est-à-dire quelques minutes après qu’Euronews a annoncé par erreur, la proclamation de la victoire de Ouattara par la Commission électorale indépendante (CEI).

Vers 7h30 ce matin, en représaille, des militants d’Alassane Ouattara ont mis à sac le siège du mouvement du président sortant, Laurent Gbagbo, également situé dans le quartier de Yopougon à une centaine de mètres du local attaqué de Ouattara. Plusieurs véhicules ont été brûlés et une personne a été blessée à l’arme blanche.

imprimer

retour au site