La fermeture d’une usine risque de priver 7 000 bébés d’ARV

BMS arrête la production de la Ddi

Publié le 12 juin 2010 sur OSIBouaké.org

Nairobi, 11 juin 2010 (PLUSNEWS) - Les activistes de la société civile protestent contre la fermeture de l’usine qui produit la seule version pré-approuvée par l’Organisation mondiale de la santé d’un médicament antirétroviral permettant de prolonger l’espérance de vie des nourrissons.

Le géant pharmaceutique Bristol-Myers Squibb (BMS), propriétaire de l’usine française qui fabrique la Didanosine, un ARV   de deuxième intention permettant de soigner les bébés de moins de 10 kilos, va fermer son établissement en juin 2010, mettant fin à la production de ce médicament au moins jusqu’en février 2011, le temps que les autorités réglementaires américaines approuvent l’ouverture d’un nouveau site de production aux Etats-Unis.

« Si cette usine ferme ses portes, 4 000 à 7 000 bébés actuellement inscrits à des programmes de traitement dans les pays en développement par le biais d’UNITAID   [un mécanisme de financement des traitements contre le VIH  ] risquent de se trouver privés des médicaments dont ils ont besoin », ont averti les auteurs d’un courrier adressé à Lamberto Andreotti, président directeur général de BMS.

« La Didanosine est la dernière possibilité thérapeutique qui s’offre à ces bébés ; sans elle, ils risquent la mort ... il y aura probablement un déficit d’environ 15 000 boîtes de Didanosine 25mg dans l’ensemble des pays bénéficiaires d’UNITAID   entre aujourd’hui et la période prévue de reprise de la production, en avril 2011 », pouvait-on lire dans la lettre, parue dans The Lancet.

UNITAID  , principal acheteur de Didanosine à des fins de distribution dans les pays en développement, a publié un communiqué exhortant BMS à prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer un approvisionnement continu en Didanosine 25mg et 50mg pendant la transition de son site de production, afin d’éviter d’interrompre les traitements des enfants, dont leur vie dépend.

BMS a déclaré, pour sa part, que face à une demande imprévue, l’approvisionnement en Didanosine s’avérait difficile ; la société a néanmoins fait savoir qu’elle avait pris les mesures nécessaires pour assurer un approvisionnement ininterrompu en Didanosine jusqu’à l’ouverture de son usine aux Etats-Unis. Le produit sera immédiatement disponible après approbation du site américain par les autorités réglementaires.

« A titre préventif, nous avons constitué un stock équivalent à deux fois le niveau de la demande en 2009 », a dit Sonia Choi, porte-parole de BMS, à IRIN/PlusNews. « Nous collaborons activement avec des organismes d’achat de médicaments pour pouvoir fournir de la Didanosine aux patients qui en ont besoin, et assurer le moins de perturbations possible ».

Daniela Bagozzi, porte-parole d’UNITAID  , a toutefois expliqué à IRIN/PlusNews que les stocks actuels ne permettraient pas de répondre à la demande au-delà du mois de décembre 2010, d’après la Clinton Health Access Initiative, par l’intermédiaire de laquelle UNITAID   distribue ce médicament ; en outre, toujours selon l’Initiative, l’approbation par les autorités réglementaires du nouveau site de production de BMS ne sera sans doute pas délivrée avant avril 2011, ce qui ne fera que prolonger une pénurie probable.

« Pour le moment, nous sommes encore en pourparlers avec BMS, mais nous envisageons également d’autres solutions. Nous demandons aux fabricants des versions génériques de la Didanosine de solliciter la pré-approbation de l’OMS   [Organisation mondiale de la santé], et nous sommes également en pourparlers avec l’OMS   pour accélérer la pré-approbation de ces médicaments alternatifs », a expliqué Mme Bagozzi.

« Avoir recours à des alternatives permet de combler le déficit actuel, mais aussi d’assurer que, si la même chose se produit à l’avenir, la vie des jeunes enfants ne sera pas mise en péril ».

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