Congo : Quand le cinéma fait renaître l’espoir

Publié le 27 mars 2010 sur OSIBouaké.org

Brazzaville, 26 mars 2010 - PlusNews - La quarantaine révolue, Thierry Maba a appris sa séropositivité en 1991. Valérie vit avec le VIH   depuis 1993. Mariés depuis 2005, ils sont les deux protagonistes d’ « Une vie positive », un documentaire projeté il y a quelques semaines à Brazzaville, la capitale congolaise, et dont le but est de sensibiliser sur l’épidémie.

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(c) Laudes Mbon - IRIN

C’est lors d’un bilan de santé pour se rendre en Algérie grâce à une bourse d’études obtenue après son baccalauréat que Thierry a appris qu’il était infecté au VIH  . « Quand j’ai eu mes résultats, je les ai confiés à un ami. Je ne voulais pas que mes parents l’apprennent », a-t-il dit à IRIN/PlusNews. « Mais ils l’ont su plus tard. Au départ, j’ai été rejeté ».

Valérie dit aujourd’hui avoir oublié la maladie, mais après avoir traversé des moments très difficiles. « J’ai fait deux fois le zona [infection cutanée répandue parmi les personnes vivant avec le VIH  ]. Je pesais jusqu’à 15 kilos et ne portais plus que des couches », a-t-elle raconté dans ce documentaire d’une heure, diffusé à la télévision nationale après avoir été projeté dans des salles de Brazzaville.

Pour Thierry et Valérie Maba, premier couple vivant avec le VIH   à s’être marié publiquement au Congo, il était important de participer à ce documentaire.

« Il fallait changer la vision des choses sur le sida   parce que pour la communauté, le sida   est la maladie de la mort. Comme nous vivons positivement la chose, il fallait donc partager notre expérience », a dit Thierry. « Hier le mariage, aujourd’hui un documentaire, on a voulu montrer que le sida   ne tue pas l’amour ».

« J’ai été stigmatisée », a dit Valérie à IRIN/PlusNews. « Mais aujourd’hui, le regard négatif s’est transformé en un regard positif. Donc ‘Une vie positive’ est un cadeau qu’on a donné à la communauté pour avancer dans la lutte contre le sida   ».

Banko Film, l’Association des jeunes positifs du Congo et le quotidien ‘Les Dépêches de Brazzaville’, qui l’ont présenté, ont estimé que ce documentaire fait entre autres de témoignages de Congolais était « un film d’espoir pour les [personnes] séropositives [et] un outil efficace pour la lutte contre le VIH   ».

Pour Alain Nkodia, réalisateur de ce documentaire qui traite de l’annonce et la gestion du statut sérologique, du rejet et de la stigmatisation, de la vie avec le VIH  , ainsi que de la prévention et du traitement de la maladie, « il s’agit de faits réels que l’on [rappelle] dans le but d’informer et d’attirer l’attention des jeunes. C’est une grande leçon d’humanité ».

Tourné pendant deux ans au Congo, « Une vie positive » a été bien accueilli par le public lors de sa projection au Centre culturel français de Brazzaville, en février.

« C’est un film pas comme les autres qui révèle des choses, éduque, conseille et redonne de l’espoir, aussi bien aux personnes infectées qu’affectées », a dit Laetitia*, 20 ans, à IRIN/PlusNews à l’issue de la projection à laquelle elle avait assisté avec des amies. « Ce genre de film devrait être projeté régulièrement en milieu rural où les tabous subsistent encore ».

Environ un millier de copies du film sont désormais disponibles dans des librairies et autres points de vente de Brazzaville – à un prix qui reste néanmoins élevé (environ 20 dollars) dans un pays où 70 pour cent de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. M. Nkodia a émis le souhait que ce film éducatif puisse être utilisé par des organisations non gouvernementales et des institutions de lutte contre le sida   pour sensibiliser les populations.

* Un nom d’emprunt


Bientôt dans les salles : Une Vie Positive de Alain NKODIA

"Nous Avons le Sida   ? Eh ben, Marions-nous et Disons-le"

Par Obambé GAKOSSO

CE MATIN A LA RADIO, j’ai appris qu’il existait un réalisateur congolais du nom d’Alain NKODIA. Non seulement cela, mais j’apprenais en même temps la sortie en salles de son film, Une vie positive. En fait, le film était sorti en mai 2008, mais cette fois-ci, il sera projeté au Congo Brazzaville.

Alain NKODIA y aborde un sujet très sensible, qui fait peur à tout le monde, quel que soit le pays. Quand l’Homme tombe sur plus fort que lui, il rigole moins, il tombe de son haut piédestal qu’il s’est construit lui-même.

DANS LE FILM, il est question de 2 jeunes congolais qui, à bien y regarder, ressemblent à tant de personnes à travers le monde qui, un jour, découvrent qu’ils ont ce satané virus en eux, voient leurs vies complètement basculer. Thierry MABA, jeune étudiant congolais doit aller en Algérie faire ses études supérieures en 1991, il n’y a même pas 20 ans. Le test du Sida   est obligatoire et c’est là qu’il apprend qu’il est atteint par ce mal, appelé au Congo dès le début de la décennie 90, la maladie du siècle. Valérie MOUKASSA de son côté fait un zona en 1993, ses parents prennent alors l’initiative de lui faire faire le test HIV : elle est hélas ! positive.

Ils ne baissent pas les bras, continuent leur bonhomme de chemin. Les tourtereaux se rencontreront bien plus tard. Toujours est-il qu’en 2005, ils brisent le tabou en devenant un des rares couples, sidéens tous les deux, non seulement à le dire publiquement, mais qui plus est à se marier officiellement.

Belle preuve de courage et très belle manière de sensibiliser leurs concitoyens sur les ravages de ce fléau et montrer aussi qu’on peut vivre avec. Ils sont membres de l’Association des jeunes positifs du Congo (AJPC), dont Valérie est la présidente. Le couple a deux filles, de 15 et de 11 ans.

JE ME SOUVIENS QUE DURANT LA période du mariage de ces deux jeunes congolais, on me rapporta que cela avait fait des émules et que certains, mâles comme femmes n’hésitaient plus à passer devant des caméras pour porter leurs témoignages sur la façon dont ils vivaient cette maladie, comment ils pensaient l’avoir contractée etc.

J’avais apprécié car, même si je ne suis pas pour une société de voyeurisme, j’estime que pour une cause comme celle-là, on peut franchir ce cap. Ce qui permet aussi, j’en suis sûr, aux gens de comprendre que si d’autres vivent avec ce virus, eux aussi peuvent le faire et non pas penser que la seule perspective qui leur reste est un costume en bois. Très bientôt. Très vite.

De plus, le sida  , malgré le fait qu’on peut le contracter sans rapports sexuels, a encore cette marque indélébile de maladie honteuse. Comme la gonococcie, comme la syphilis etc. Or, les sociétés où l’on parle librement de sexe ne sont pas si nombreuses que ça, en famille, à plus forte raison dans nos contrées.

On connaît pas mal de politiques congolais ou simplement des gens médiatisés qui sont décédés des suites de cette pathologie à la radio, à la TV, dans la presse papier c’est simple, Il est mort des suites d’une longue maladie. Sans plus ! Quand c’est un cancer, on le dit, mais quand c’est un cancer de la prostate, on ne prononce pas ce dernier mot. De plus, chose incroyable, Valérie MABA dit dans une vidéo que des couples sérodiscordants se sont mariés après leur témoignage, et en le disant publiquement. Qui l’eût cru ? Pas moi en tout cas, très honnêtement.

LES PRESIDENTS MANDELA ET KENNETH KAUNDA eux, ont brisé ces tabous, n’hésitant pas à dire publiquement que leurs fils étaient décédés du Sida  .

2005, ce n’est pas seulement le mariage de Valérie et Thierry, mais c’est aussi l’année du décès de MAKGATHO, fils de MADIBA, à l’âge de 54 ans et 1/2. Ce qui poussera MANDELA qui, durant son mandat, reconnaîtra lui-même qu’il n’avait peut-être pas fait assez contre cette maladie, formule euphémistique pour reconnaître son échec à ce propos. On sait depuis lors combien il s’est investi, malgré son grand âge dans ce combat.

19 ans plus tôt, en pleine présidence de son pays, la Zambie, KENNETH KAUNDA, héros de l’indépendance de son pays convoque une conférence de presse et annonce publiquement son fils MASUZYO, 32 ans, venait de décéder du Sida  . Sa phrase devrait sonner comme une cloche dans nos têtes : It’s not something to hide. Bien qu’il ait quitté et le pouvoir et la politique depuis des années, il lutte sans cesse contre ce mal.

Ces 2 hommes devraient servir de lumière à chacun d’entre nous, lorsque nous abordons cette question avec nos proches car, malgré le travail accompli au Congo Brazzaville depuis des années, pour lutter contre le Sida   (reconnaissons que le boulot est de qualité), au sein des cellules familiales, ça n’avance pas comme on pourrait le souhaiter. Le taux de prévalence reste élevé, malgré des préservatifs distribués gratuitement dans certains centres, malgré les cours dans les collèges et lycées. Plus de témoignages, même de personnalités, à mon avis ne pourraient qu’inverser la tendance.

On sait comment la question reste traitée par certains de nos concitoyens, hommes et femmes confondus : Na liyaka likemba na poso te ; Ba liyaka bonbon na lokasa na tango te ; Il faut ba ndzoto e kutana ; Ba ke bebisa vê maza yina ; Soki o lingi kotiya sachet donc o za na nyama ; etc.

Un bouquin pourrait être écrit, rien qu’avec les âneries sorties au sujet de ce qu’on appelait il n’y a pas si longtemps encore Syndrome Imaginaire pour Décourager les Amoureux.

A cette allure, le Sida   battra à plate couture le paludisme, dans le match macabre qui les oppose.

Nous Sommes le Congo !

Cessons d’Avoir Peur !

Pour un Etat de Droit au Congo !

"Chaque génération a le choix entre trahir ou accomplir sa mission"

Celui qui lutte peut gagner ! Celui qui ne lutte pas a déjà tout perdu !

Patrick Eric Mampouya

http://mampouya.over-blog.com/

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