Plus de questions que de réponses avec l’essai vaccinal VIH

Publié le 31 octobre 2009 sur OSIBouaké.org

Johannesbourg, 27 octobre 2009 (PLUSNEWS) - L’annonce récente selon laquelle un vaccin contre le VIH   avait montré pour la première fois des effets protecteurs a suscité un grand enthousiasme, jusqu’à ce qu’il apparaisse que les conclusions étaient basées sur les résultats les plus prometteurs de trois analyses différentes des conclusions de l’essai.

L’équipe de recherche à Bangkok, la capitale de la Thaïlande, a annoncé le 24 septembre qu’une combinaison des deux vaccins avait réduit le taux d’infection du VIH   de 31 pour cent sur un total de 8 200 volontaires, comparé au même nombre ayant reçu un placebo.

Quelques semaines plus tard, des chercheurs ayant examiné l’ensemble des données de l’essai, ont dit à la revue Science qu’une analyse fondée uniquement sur des participants ayant reçu l’ensemble des six doses du vaccin aux moments adéquats n’avait pas montré d’effet protecteur significatif au niveau statistique.

La publication d’autres détails de l’essai, coïncidant avec la Conférence 2009 du vaccin contre le sida   à Paris la semaine dernière, devait régler la question de savoir si les résultats du vaccin étaient vraiment aussi significatifs que ce que l’annonce initiale avait suggéré, ou s’il ne s’agissait que d’une pure coïncidence. Au contraire, les résultats intégraux de l’étude, publiés en ligne le 21 octobre dans le New England Journal of Medicine (NEJM), ont soulevé plus de questions qu’ils n’en ont résolues.

Les 31 pour cent d’efficacité annoncés au départ étaient basés sur une analyse « en intention de traiter modifiée » qui comprenait l’ensemble des 16 402 participants à l’essai, à l’exception de sept personnes dont on a découvert qu’elles avaient contracté le VIH   avant de recevoir le vaccin.

Une seconde analyse incluait ces sept personnes, alors qu’une troisième analyse « per-protocole » comptant 12 452 participants - celle citée dans la revue Science- a trouvé que le vaccin n’était efficace qu’à 26 pour cent. Ce qui n’est pas suffisant pour être statiquement significatif, et ce qui signifie que la différence entre le groupe qui a reçu le vaccin et le groupe qui a reçu un placebo est si mince qu’il pourrait s’agir d’une coïncidence.

Différentes interprétations

Le docteur Jérôme Kim, du Programme militaire américain de recherche sur le VIH   qui a codirigé l’essai, a dit le 21 octobre aux journalistes, lors de la conférence à Paris, que l’analyse en intention de traiter modifiée était la plus précise, mais d’autres experts n’étaient pas d’accord.

Un statisticien cité dans un article du New York Times a mis l’accent sur l’analyse qui incluait les sept personnes séropositives, alors qu’un autre pense qu’aucune des analyses ne fournit des preuves suffisantes sur l’efficacité du vaccin.

Dans un éditorial accompagnant l’article, Raphael Dolin, le rédacteur en chef du NEJM, a dit que « même si les mérites de chaque type d’analyse pouvaient être discutées, toutes les trois ont mis en évidence un effet possible, bien que modeste, du vaccin dans la prévention de l’infection par le VIH   ».

Les auteurs de l’étude ont précisé que, prises ensemble, les trois différentes analyses des résultats étaient « compatibles avec un effet protecteur modeste du vaccin », mais qu’ils ne pouvaient pas expliquer pourquoi d’autres résultats de l’essai indiquaient que l’efficacité du vaccin diminuait avec le temps, ou pourquoi il était moins efficace parmi les participants les plus exposés au risque d’infection.

Ils ne savaient pas non plus si c’était l’un des deux vaccins qui produisait un éventuel effet protecteur, ou une combinaison des deux. M. Dolin a noté que les résultats soulevaient « un certain nombre de questions qui avaient des implications importantes pour les directions futures dans la recherche du vaccin », et il a recommandé que la question de la durée des effets du vaccin soit étudiée à travers le suivi des participants de l’essai, ainsi que des futurs essais.

Selon un article d’Health-e, un organe de presse d’Afrique du Sud, le colonel Nelson Michael, du Programme de recherche militaire américain sur le VIH  , codirigeant des essais thaïlandais, a déclaré lors d’une conférence de presse à Paris qu’une étude plus poussée du vaccin pourrait être menée en Afrique du Sud, qui présente un taux de prévalence au VIH   bien plus élevé qu’en Thaïlande. Le vaccin devrait alors être modifié pour contenir la souche de VIH   la plus répandue en Afrique subsaharienne.

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