Zimbabwe : L’autorité en charge du sida de nouveau sous le feu des critiques

"La taxe sida a été créée dans le but de prendre soin des personnes vivant avec le VIH, et non de verser des salaires et acheter des voitures de luxe aux administrateurs du fonds"

Publié le 28 septembre 2009 sur OSIBouaké.org

Harare, 18 septembre 2009 (PLUSNEWS) - Le Conseil national de lutte contre le sida   (NAC) du Zimbabwe a acheté des médicaments antirétroviraux (ARV  ) pour une valeur de 890 000 dollars américains, après avoir été accusé d’avoir détourné des fonds générés par la taxe de trois pour cent, connue sous le nom de taxe sida  , prélevée sur les salaires.

L’organe gouvernemental responsable de la coordination des efforts de lutte contre le VIH  /SIDA   a recueilli environ 1,7 million de dollars américains depuis février 2009. Toutefois, il n’a dépensé que 20 000 dollars en achat d’ARV  , s’attirant les foudres des activistes engagés dans la lutte contre l’épidémie qui réclament un audit des états financiers.

La taxe sida   a été mise en place en 1999 en vue de financer les programmes VIH  /SIDA  , notamment l’achat d’ARV  . Toutefois, le NAC a souvent été sous le feu des critiques, car les fonds générés par l’impôt n’ont pas servi à améliorer la qualité de vie des personnes vivant avec le virus. En effet, selon divers récents rapports publiés par les médias locaux, la majorité des fonds auraient été utilisés pour financer des salaires et des avantages.

« Pendant des années, ce fonds a suscité plus de controverses qu’il n’a été bénéfique aux personnes vivant avec le VIH   », a déploré Stanley Takaona, vice-président du Syndicat des activistes engagés dans la lutte contre le VIH  /SIDA   du Zimbabwe (ZHAU en anglais), qui a réclamé une réforme du NAC.

« Nous demandons que l’administration de ce fonds soit retirée des mains du NAC, afin que ce dernier puisse concentrer ses efforts sur son autre rôle qui consiste à coordonner les programmes VIH  /SIDA   au Zimbabwe. L’administration du fonds devrait être confiée à une organisation plus crédible. Nous réclamons également un audit minutieux des fonds générés par la taxe sida  , au fil des ans », a souligné le syndicat.

Médecins Sans Frontières, l’organisation humanitaire médicale internationale, estime que 400 individus, sur le 1,7 million de personnes vivant avec le virus au Zimbabwe, meurent chaque jour des suites d’une maladie liée au sida  . Selon le ministère de la Santé, quelque 155 000 patients reçoivent des ARV   d’établissements sanitaires publics, soit un peu moins de la moitié des personnes nécessitant un traitement.

En juillet dernier, le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme a décidé d’écarter le NAC du rôle de bénéficiaire principal de ses subventions, après que la Reserve bank of Zimbabwe (RBZ) a détourné plus de sept millions de dollars de la subvention accordée par l’organisme international.

La RBZ a fini par restituer l’argent destiné à l’élargissement du programme national de distribution d’ARV  , mais le Fonds mondial a décidé d’allouer ses subventions via le Programme des Nations Unies pour le développement.

« La taxe sida   a été créée dans le but de prendre soin des personnes vivant avec le VIH  , et non de verser des salaires et acheter des voitures de luxe aux administrateurs du fonds. Si nous acceptons cela [comme la norme], nous avons alors tout faux », a martelé le docteur Douglas Gwatidzo, président de l’Association des médecins zimbabwéens pour les droits humains.

« L’argent nécessaire au financement de la gestion de la taxe sida   doit provenir du fisc, de cette façon, les fonds générés par l’impôt servent uniquement à l’achat des ARV  , aux soins et au soutien des personnes vivant avec le VIH   », a-t-il dit à IRIN/PlusNews.

Le NAC a réfuté les allégations, affirmant dans une déclaration n’avoir détourné aucun fonds. Selon lui, les délais sont imputables aux « longues procédures d’appel » et « au fait qu’il ne [soit] pas rentable d’acheter des ARV   en puisant dans les fonds générés par la taxe sida   sur une base mensuelle, car le coût de l’acquisition finirait pas excéder la marchandise prévue ».

M. Gwatidzo a estimé que le NAC ne devrait pas être autorisé à « garder en otage la vie des personnes vivant avec le VIH   à cause de procédures d’appel... Je ne crois pas que des procédures d’appel puissent prendre jusqu’à huit mois pour être traitées. C’est de la vie des gens dont il est question ici, ils devraient faire preuve de sérieux ».

Lors d’un entretien accordé à un hebdomadaire officiel, The Herald, le docteur Tapuwa Magure, directeur exécutif du NAC, a indiqué que les ARV   achetés dernièrement permettraient d’assurer le traitement d’au moins 4 000 personnes pendant un an.

La plupart des ARV   disponibles auprès du secteur de santé public du Zimbabwe sont distribués par des donateurs étrangers, dont le Fonds mondial, le Fonds des Nations Unies pour l’enfance et la Fondation Clinton

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