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Hun Sen : « Qui sera responsable si la guerre revient au Cambodge ? »



Les carnets de Phnom Penh, Liberation, 7 Septembre 2009. La réponse n’a pas tardé. Moins d’une semaine après la décision des Chambres extraordinaires au sein des tribunaux cambodgiens (CETC) d’ouvrir de nouvelles enquêtes contre d’anciens khmers rouges, le Premier ministre Hun Sen a vivement rappelé son opposition à ce projet. Comme il l’avait déjà indiqué en mars, l’homme fort du Cambodge a réaffirmé avec véhémence que son pays risquait la guerre civile si les CETC entamaient de nouvelles poursuites. Avec le risque d’affaiblir une institution judiciaire déjà chancelante.

"Si vous jugez (de nouveaux suspects) sans prendre en compte l’unification nationale et la paix, et si la guerre revient et tue 200.000 ou 300.000 personnes, qui en sera responsable ?", s’est demandé Hun Sen, un brin catastrophiste, lors d’une cérémonie de présentation du résultat du recensement de 2008, indique Cambodge Soir.

Il s’est posé en garant de l’unité du pays. "Je ne laisserai personne détruire" la paix, a-t-il ajouté estimant que son pays avait déjà connu "le sang et les larmes". « Autrefois, les Nations unies ont soutenu les Khmers rouges en leur accordant une représentation diplomatique. Aujourd’hui, les mêmes disent que cinq inculpés, ça ne suffit pas. Mais que veulent-ils donc faire ? »

Au pouvoir depuis 1985, Hun Sen a défendu la stabilité du Cambodge : "Dans le monde, aucun pays n’a su, aussi bien que le nôtre, intégrer ses forces rebelles dans la société de manière pacifique", a-t-il affirmé. "Si des Cambodgiens retournaient dans la forêt à cause de ce procès, qui en serait responsable ?", a poursuivi le Premier ministre. Au niveau national, comme à l’échelon local, des anciens Khmers rouges occupent toujours des fonctions dans l’administration cambodgienne. Certains d’entre eux pourraient donc faire l’objet d’enquête dans les semaines à venir.

Selon nos informations, une dizaine de personnes seraient dans le collimateur de la justice. L’AFP précise qu’il s’agirait de cinq ou six cadres intermédiaires du régime responsable de la mort d’au moins 1,7 million de personnes entre avril 1975 et janvier 1979. Il reviendra au tribunal de décider au final si ces individus doivent être poursuivis par les CETC.

Arnaud Vaulerin


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 9 septembre 2009

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