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Congo-Kinshasa : Le cri de détresse des PVV



AllAfrica - Kinshasa - 12 Novembre 2012 - Depuis plus d’une décennie, l’épidémie du VIH  /Sida   a été déclarée « généralisée » en RDC c’est-à-dire qu’elle touche plus de 1% de la population générale congolaise. Devant cette situation, le gouvernement congolais a pris certaines dispositions pour parer à cette situation d’urgence, en vue de répondre de façon structurée à ce défi, notamment par la création du Programme National de Lutte contre le Sida   et les IST (PNLS) et le Programme National Multisectoriel de Lutte contre le Sida   (PNMLS), la mobilisation des ressources extérieures, la promulgation de la loi portant protection des PVVIH  , ...

Cependant, en dépit de ces avancées, le pays demeure toujours en danger.

Les résultats atteints dans la lutte contre le VIH   et le Sida   en RDC sont très faibles. A l’heure où une série de pays d’Afrique subsaharienne parviennent à s’orienter vers l’accès universel au ARV  , la RDC figure, à l’inverse, dans la catégorie des pays offrant une faible couverture en traitement.

Malgré une tendance actuelle apparemment stable de l’épidémie, la RDC compte actuellement :

  • 1.250.000 personnes infectées au VIH  , soit 2,6% de sa population générale ;
  • Parmi les 1.250.000 personnes touchées, 435.000 d’entre elles ont besoin du traitement aux Antirétroviraux (ARV  ) mais seulement 53.500 sont sous ARV  , soit 15 % alors que 380.000 PVVIH   (85%) ayant besoin de ce traitement n’y ont pas accès.

En ce qui concerne la transmission du VIH   de la mère à l’enfant, le risque de propagation sans interventions, de la Prévention de la Transmission de la Mère à la l’Enfant (PTME  ), est énorme car :

  • 94% des femmes PVVIH   enceintes n’ont pas accès au traitement ; ce qui accroit la vulnérabilité de nouveaux nés ;
  • 20 à 40% des enfants exposés naissent avec le VIH  .

La situation des PVVIH   en RDC reste une crise humanitaire. Plus de 1.000.000 de citoyens et citoyennes congolais(es) risquent de mourir si l’on n’intervient pas d’urgence.

Or, selon l’article 11 de la loi n°08/11 du 14 juillet 2008 portant protection des PVVIH  , « l’Etat assure gratuitement l’accès aux soins de prévention, aux traitements et à la prise en charge des personnes vivant avec le VIH  /SIDA   dans les établissements sanitaires publics et privés intégrés dans la stratégie de soins de santé primaires ».

En plus de la stratégie nationale en RDC qui prévoit l’accès universel en 2015 de 80% de PVVIH   éligibles sous ARV  , dans son discours d’investiture, le Président de la République a affirmé haut et fort que « l’accent sera mis sur la poursuite sans relâche de la lutte contre le VIH  /SIDA   » dans l’optique d’une « génération sans sida   ».

Les causes de la faiblesse de la lutte en RDC

  • Le financement de la santé par l’Etat est trop faible et tend à la baisse
  • La part consacrée à la santé publique dans le budget de l’Etat en RDC est loin de 15% comme prévu par l’engagement d’Abuja.

Malgré son engagement à Abuja d’allouer 15 % du budget à la santé, depuis 10 ans, les crédits votés pour la santé n’ont jamais atteint 6% (avec une moyenne de 4,5%).

  • Le fardeau de la lutte repose en grande partie sur les ménages congolais ; les ménages congolais ont financé à hauteur de 46% les dépenses liées au VIH  /SIDA   alors que plus de 70% de la population congolaise vit dans la précarité totale, avec moins de 2$ par jour...
  • La contribution du gouvernement s’est élevée à seulement 1,4% des dépenses globales de la lutte contre le VIH  /Sida  .
  • la dépendance à l’assistance extérieure qui donne presque la totalité de l’enveloppe consacrée à la lutte contre le VIH  /Sida   en RD Congo

On note une nette diminution des fonds internationaux des principaux pourvoyeurs d’ARV   :

  • Le Fonds Mondial qui contribue à hauteur de 70 % pour les achats des ARV   connait des difficultés financières ;
  • UNITAID   qui apporte une contribution évaluée à 16 % a annoncé son retrait fin 2012 ;
  • MSF  /Belgique apporte une contribution de 8 %.

Le retrait aujourd’hui de ces bailleurs de fonds constitue une menace directe de la vie de milliers de personnes car la majeure partie des PVVIH   qui sont actuellement sous ARV  , si pas la totalité, le sont grâce à cet apport extérieur.

  • la dépendance à l’assistance extérieure qui donne presque la totalité de l’enveloppe consacrée à la lutte contre le VIH  /Sida   en RD Congo

L’heure des actions a sonné

1. Ne baissons pas les bras !

Nous croyons vivement qu’un débat permanent doit être engagé autour de cette pandémie au niveau des institutions nationales que sont le Gouvernement et particulièrement le Parlement pour orienter la politique budgétaire en vue de placer, de manière expresse, la lutte contre le VIH  /Sida  , spécialement la prise en charge et le traitement des PVVIH   dans le budget de l’Etat, tant au niveau national que provincial.

2. Investir directement dans la lutte contre le VIH  /SIDA  

En allouant une ligne budgétaire conséquente pour le VIH  /SIDA   pour 2013 (utiliser au moins en partie les fonds rendus disponibles par IPPTE) ; assurer pleinement le décaissement de cette ligne budgétaire au profit de la lutte contre le VIH  /Sida   ; Envisager rapidement l’achat direct d’intrants (tests de dépistage, tests CD4, ARV  , etc.)par la RDC, etc.

3. Diversifier les sources de financements... car tout ne peut reposer que sur le FM ou sur la population qui est très meurtrie par la pauvreté ;

4. Maximiser la gestion des ressources

En améliorant, par exemple, la coordination des actions des différents acteurs

5.Faciliter l’importation et l’acheminement des intrants car trop de barrières inutiles entravent l’importation des médicaments et autres intrants indispensables à la prise en charge des PVV

6.Faire appliquer la loi n°08/11 du 14 juillet 2008 portant protection des PVVIH   et instaurant la gratuité d’accès au TARV qui a été promulguée par le Président de la République et publiée au Journal Officiel mais qui n’est toujours pas appliquée dans les faits. Cette loi doit devenir une réalité !


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 13 novembre 2012

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