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Congo : au moins 146 morts dans une série d’explosions



Libération - 5 mars 2012

Au moins 146 personnes ont été tuées, des centaines blessées et de nombreuses maisons détruites par une série d’explosions dimanche dans un dépôt de munitions à Brazzaville, la capitale du Congo.

« A la lumière des faits, sous la réserve des conclusions de l’enquête, un court circuit aurait donné lieu à un incendie, lequel se serait propagé au dépôt central des armes et minutions, causant la mort de plus d’une centaine de nos compatriotes », selon le texte.

Dans l’après-midi, une source diplomatique européenne à Brazzaville interrogé par l’AFP depuis Paris avait donné un bilan d’« au moins 150 morts dans les hôpitaux militaires et environ 1.500 blessés dans un état plus ou moins grave ».

Dans le quartier de Mpila, l’armée interdit l’accès au coeur du sinistre. De nombreux témoins préférant rester anonymes mettaient en doute dans la nuit de dimanche à lundi le bilan des autorités. « Il y avait au moins 200 stagiaires à la caserne, plus au moins 100 personnes dans l’église Saint-Louis qui s’est écroulée. Et, il y a des maisons qui se sont écroulées avec à l’intérieur des familles », soulignait l’un d’entre eux.

« L’apocalypse »

Cinq explosions très fortes et espacées se sont produites à partir de 8 heures locales et jusqu’à 10h45, qui ont même secoué et fait des dégâts matériels à Kinshasa, la capitale de la RD Congo voisine, séparée de Brazzaville par le fleuve Congo.

« Ce que j’ai vécu c’est l’apocalypse. C’est par la grâce de Dieu que je vous parle. Toute ma maison s’est écroulée. Ma mère est décédée, mon père, mes deux frères et mes deux soeurs aussi. La vie ne me sert plus à rien », a raconté à l’AFP Jeanette Nuongui, 36 ans, choquée sur son lit à l’hôpital militaire, une perfusion à un bras.

Sa maison se trouvait près du régiment de blindés, comme celle de Victorien-Constant Obani, un militaire d’une quarantaine d’années.

« C’est la première détonation qui a tout soufflé. Je suis militaire, ce qui s’est passé ici, c’est plus qu’un typhon, c’est plus qu’une guerre civile. Toute la maison a été détruite. Je ne sais pas ce que je vais devenir », a-t-il témoigné à l’AFP. Maisons rasées

De nombreuses maisons ont été rasées par le souffle de l’explosion, des vitres ont volé en éclats, des toitures ont été éventrées et des portes défoncées, a constaté un journaliste de l’AFP. Des logements et bâtiments ont été touchés jusqu’au centre-ville.

Le chapelet de déflagrations a provoqué des mouvements de panique, rappelant aux habitants de la ville le temps de la guerre civile il y a une dizaine d’années.

Des gens ont fui « avec leurs bagages sur la tête, pieds nus, certains à peine habillés. Il n’y a pas de circulation, pas de bus, pas de taxi », a témoigné en fin de matinée une habitante.

Le porte-parole du gouvernement a appelé les Brazzavillois « à se rendre dans les hôpitaux pour faire des dons de sang ». « Le quartier de Mpila est aujourd’hui sinistré : les maisons y ont été cassées et même nos citoyens militaires qui se trouvaient dans le camp sont morts ».

Les hôpitaux de la capitale et notamment le CHU de Brazzaville étaient débordés, a constaté un journaliste de l’AFP.

Dans le quartier de Mpila, l’odeur de poudre régnait encore dans l’atmosphère alors que certains habitants craignant des pillages surveillaient leurs maisons éventrées. Des centaines de personnes fuyant le site ont trouvé refue dans leurs familles. Les sans-abris devaient être accueillis dans plusieurs points de la capitale notamment à la cathédrale du Sacré Coeur.

Le trafic des passagers sur le fleuve entre Kinshasa et Brazzaville a été suspendu jusqu’à lundi, selon une source au port de Kinshasa.

La France a annoncé l’envoi d’une aide d’urgence à Brazzaville. « Dans ces circonstances particulièrement tragiques, je tiens à exprimer, à nouveau, la solidarité de la France aux autorités et au peuple congolais », a indiqué le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé.

(AFP)


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 5 mars 2012

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