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Un Fonds de vérité dans la polémique sur Carla Bruni ?



Eric Favereau - Libération - 7 Janvier 2012 - « Exclusif : Carla Bruni au cœur d’un scandale international », était-il écrit, vendredi, sur le site de Marianne. Et dans la version papier de l’hebdomadaire qui paraît ce samedi : « 3,5 millions de dollars [2,7 millions d’euros, ndlr] ont été versés par le Fonds mondial contre le sida   en faveur des activités philanthropiques de Carla Bruni. Au mépris des procédures normales. »

Diantre, la « patate chaude » des scandales atteindrait-elle la première dame de France ? Le Fonds a aussitôt réagi. « Le Fonds mondial n’a pas versé un centime à la fondation de Carla Bruni-Sarkozy, est-il écrit dans un communiqué. Toutes les procédures très strictes du Fonds et les règles ont été respectées. » Qui plus est, « un examen indépendant » l’a même confirmé, assure l’institution. Et de conclure : « Ce genre d’article sensationnaliste diminue l’impact positif du rôle joué par Mme Bruni-Sarkozy. »

Influence. Qui croire ? Depuis le 1er décembre 2008, Carla Bruni-Sarkozy a été nommée ambassadrice du Fonds mondial, avec pour mission prioritaire la prévention de la transmission du virus de la mère à l’enfant. L’épouse du Président est en effet très investie dans la lutte contre le sida  , son frère en est mort, et de nombreux experts soulignent son influence auprès de son mari pour que la France maintienne ses subventions au Fonds, soit 350 millions d’euros par an.

Créé en 2002, le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, est la plus importante institution financière internationale dans le domaine de la santé. Elle affirme avoir engagé « 22,6 milliards de dollars [17,7 milliards d’euros, ndlr] dans 150 pays pour soutenir des programmes de prévention, de traitement et de soins à grande échelle contre les trois maladies ».

Et c’est dans ce contexte qu’en mai 2010, l’organisme a lancé la campagne Born HIV Free, pour stopper toute contamination de la mère à l’enfant, choisissant Carla Bruni pour l’incarner. « Des contrats ont été passés avec plusieurs sociétés pour mener à bien cette campagne », explique le Fonds qui déclare avoir apporté son soutien « à une page du site Carlabrunisarkozy.org » et avoir pris en charge « les coûts liés aux déplacements de Mme Bruni-Sarkozy, effectués dans le cadre de ses activités pour le Fonds ».

De son côté, Frédéric Martel, auteur de l’article dans Marianne, reconnaît que pas « un sou n’est allé à la Fondation » de Carla Bruni, tout en affirmant que « les règles de versement n’ont pas été conformes » et en mettant en cause les proches de Carla Bruni-Sarkozy qui se sont occupés du site (1).

« Placardisé ». Autre sujet de controverse : Marianne affirme que cette affaire « inquiète » l’Elysée, au point d’avoir poussé à la démission, en décembre, le professeur Patrice Debré, ambassadeur chargé de la lutte contre le sida  . L’actuel directeur du Fonds, le Français Michel Kazatchkine, aurait pour sa part été « placardisé ». Il devrait être formellement « viré » en mai, à la demande de Nicolas Sarkozy. En réponse, Patrice Debré et Michel Kazatchkine apportent un démenti catégorique. Quant au Fonds, il explique que « l’audit indépendant » réalisé sur la campagne Born HIV free sera, si besoin, rendu public.

En tout cas, cette histoire sort à un moment particulier pour l’institution mondiale. Non seulement, son avenir est menacé par un manque de financements futurs, mais il est aussi déstabilisé par une série d’affaires de corruption en Indonésie et en Afrique. « La force du Fonds est de pouvoir décaisser très vite de l’argent pour lancer des programmes, explique un ancien membre de l’institution. C’est aussi sa faiblesse, avec les risques de dérapages. En même temps, tout est bouclé : depuis trois ans, le Fonds est sous la surveillance la plus extrême d’enquêteurs américains qui multiplient les audits. »

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Frederic Martel : Complement d’enquete sur la fondation Carla Bruni-Sarkozy

(1) Carla Bruni-Sarkozy et son secrétariat n’ont pas souhaité nous répondre.


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Publié sur OSI Bouaké le dimanche 8 janvier 2012

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