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Antiviraux : pour aider les pays les plus démunis, deux chercheurs britanniques élaborent des variantes de médicaments onéreux.

un exemple à suivre pour les ARV


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L’hépatite C, une maladie potentiellement mortelle transmise par le sang, n’était traitée jusqu’à récemment qu’avec un antiviral, la ribavirine, associé à de l’interféron. Or, en 2003, des chercheurs travaillant pour le compte des laboratoires Roche et Schering-Plough ont mis au point une variante plus efficace de cette dernière molécule. Le composé a été breveté et est maintenant pris en charge par le NHS [équivalent britannique de la Sécurité sociale]. Mais, comme c’est très souvent le cas avec les médicaments de nouvelle géné-ration, son prix est exorbitant. A 7.000 livres [10.400 euros] le traitement, la facture est déjà très salée pour le NHS et elle est surtout très au-dessus des moyens des pays en voie de développement, où les besoins sont les plus importants.

C’est là qu’entrent en scène Sunil Shaunak, professeur à l’Imperial College, spécialiste des maladies infectieuses, et son confrère de la London School of Pharmacy, Steve Brocchini. Impliqué dans la lutte contre le sida   dès le début de l’épidémie, en 1985, le Pr Shaunak a toujours cherché des moyens d’alimenter les pays du tiers-monde en médicaments bon marché. Pour l’hépatite C, les Prs Shaunak et Brocchini ont élaboré une variante améliorée de la molécule de Roche, qui serait meilleur marché et resterait stable dans les pays au climat chaud. Ils ont modifié la molécule, désormais désignée sous le nom d’interféron pégylé, en lui adjoignant un polymère, ce qui lui permet de rester plus longtemps dans la circulation sanguine. Puis ils ont contacté Shantha, une société d’Hyderabad qui a produit le premier vaccin efficace et peu coûteux contre l’hépatite B. Shantha a accepté de produire la nouvelle molécule et le gouvernement indien va subventionner les essais cliniques. Nous sommes en train de développer ce que nous appelons des médicaments éthiques, se félicite le Pr Shaunak.

Shaunak et ses collègues ne projettent pas seulement de créer de nouvelles molécules. Ils veulent faire en sorte que ce soient des médicaments capables de traiter correctement les patients des pays pauvres. Ils souhaitent aussi que d’autres médecins universitaires et chercheurs leur emboîtent le pas. Le but n’est pas de menacer l’activité des géants pharmaceutiques, mais, si cela devait arriver, j’en serais très flatté, reconnaît le scientifique. La reformulation de molécule est une méthode communément utilisée par les grands laboratoires pour prolonger la vie d’un médicament arrivé en fin de brevet. Ces derniers livrent déjà d’impitoyables batailles juridiques pour leurs licences et leurs avocats s’intéressent de près à tout nouveau médicament qui risquerait de rogner leurs bénéfices.

Actuellement, les traitements anti-VIH   bon marché utilisés en Afrique sont des génériques qu’il est illégal d’importer en Europe ou aux Etats-Unis. Par contre, si des médicaments éthiques devaient être reconnus comme de nouvelles molécules, ils pourraient être aussi vendus dans les pays occidentaux. Pour l’Association de l’industrie pharmaceutique britannique (ABPI), toute la question est de savoir si le médicament créé est vraiment novateur. Il faut que le chercheur ait mis au point un composé qui ne soit couvert par aucun brevet existant, explique Ben Hayes, de l’ABPI. Si c’est le cas, le chercheur ou n’importe qui d’autre aura alors le droit de le faire breveter. Mais encore faudra-t-il passer par la phase des essais cliniques, étape délicate et onéreuse, avant que le médicament puisse être breveté d’abord en Inde, puis au Royaume-Uni.


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 30 mars 2007

 

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