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Niger : La faible application de la loi VIH frappe plus durement les femmes


Niamey, 21 août 2009 (Plusnews) - Bien qu’une loi pénalisant la discrimination des personnes atteintes du VIH   existe depuis deux ans, les femmes séropositives nigériennes affirment qu’elles reçoivent toujours des soins de santé de seconde classe, ne trouvent pas d’emploi et risquent de perdre la garde de leurs enfants à cause de la maladie.

« Quand une femme [divorce] pour cause de séropositivté, il est difficile pour elle d’avoir la garde des enfants », a dit Sona Soumaré Conté, présidente d’une ONG locale qui travaille avec des femmes atteintes du VIH  . « Leurs maris ont peur que l’enfant soit mal éduqué ou contaminé ».

Les femmes étant plus susceptibles que les hommes d’effectuer un dépistage du VIH   - au Niger, le dépistage est recommandé chez les femmes enceintes, afin d’éviter la transmission du virus de la mère à l’enfant - il arrive que les couples ne sachent pas si l’homme est contaminé, a expliqué Mme Conté. « Généralement, les hommes n’attendent même pas d’être dépisté avant pour remettre un acte de divorce à leur femme. Certains refusent même d’aller vers les centre de santé pour confirmation [de leur propre statut sérologique] ».

Bien que le droit au mariage ne soit pas remis en cause pour les personnes séropositives, a-t-elle noté, les procédures de divorces liés au VIH   ne sont pas claires et entraînent pour les femmes le risque de perdre leurs biens et la garde de leurs enfants.

Que ce soit la femme qui a contaminé l’homme ou l’inverse, les femmes séropositives sont plus exposées à la discrimination que les hommes, selon Ibrahim Kassoum, président de l’Association des jeunes juristes du Niger. « Les femmes séropositives sont toujours beaucoup plus exposées au rejet systématique que les hommes ».

La loi nigérienne anti-discrimination d’avril 2007 garantit aux personnes atteintes du VIH   le droit aux soins de santé, à l’emploi, à la sécurité sociale, à l’éducation, à l’assurance maladie et à la liberté de circulation. Cependant, cette loi est largement méconnue et son application reste très limitée, d’après M. Kassoum.

Le jeune juriste a rappelé que le taux de prévalence du VIH   était relativement bas au Niger - 0,7 pour cent, d’après les données les plus récentes collectées par le gouvernement en 2002 - mais que la discrimination contre les personnes atteintes du VIH   restait « forte et systématique », en particulier envers les femmes.

Fondée en 2004, l’ONG Bafouneye - dont le nom signifie « vie » en zarma, la langue locale - travaille avec des femmes séropositives veuves ou divorcées. La trésorière de l’organisation, Rakia Hassane, a raconté à IRIN qu’une des membres de Bafouneye s’était vu refuser des soins dans un centre de santé au moment de son accouchement. « Dès que les sages-femmes ont appris qu’elle était séropositive, elles ont [cessé de la suivre], jusqu’à ce qu’elle ait perdu le bébé ».

Mme Conté a expliqué qu’en plus d’aider les femmes à négocier leurs droits avec leurs ex-maris, l’organisation les formait à monter de petits commerces. Que les femmes fassent du tricot, de la teinture de tissu ou de la couture, le véritable objectif est d’oublier, a-t-elle expliqué. « Nous sommes là pour les aider à oublier la discrimination à laquelle elles sont confrontées ».

La loi anti-discrimination n’étant pas correctement appliquée, l’ONG Bafouneye ne dispose d’aucun fondement juridique pour défendre ses membres, a dit Mme Hassane, la trésorière. « A chaque fois que nous avons des cas de violations des droits [humains] en matière de santé ou de services sociaux, les avocats expliquent qu’ils ne peuvent rien faire ».

Amadou Zoukaleini, conseiller en communication pour le Conseil national de lutte contre les IST [infections sexuellement transmissibles]/VIH  /SIDA  , a dit à IRIN que la loi de 2007 restait relativement mal connue. Il a annoncé qu’un décret visant à renforcer son application était en cours de préparation et devrait être présenté au Conseil des ministres en septembre.

La loi n’a pas été suffisamment vulgarisée pour permettre aux spécialistes du droit de la connaître, a reconnu M. Zoukaleini, précisant que le décret mettrait au clair des points qui avaient jusqu’à présent fait obstacle à l’application de la loi.


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 26 août 2009

 

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