Accueil >>  Orphelins du sida, orphelins et enfants vulnérables (OEV) >>  Par pays

Tanzanie : les orphelins du sida livrés à eux-mêmes dans les camps de réfugiés

La plupart des enfants vivant dans des camps de réfugiés en Tanzanie ont fui les violences au Burundi


Mots-Clés / Tanzanie

Depuis la mort de sa mère, Yassine Nzomwita Kwizera sait que l’enfance est courte pour les enfants orphelins du sida   : à 14 ans, cette adolescente burundaise, réfugiée dans un camp en Tanzanie, doit s’occuper seule de son frère et de sa sœur.

La plupart des 192 000 Burundais vivant dans des camps de réfugiés en Tanzanie ont fui les violences ethniques qui ravageaient leur pays d’origine - une situation difficile à vivre non seulement pour les adultes, mais surtout pour les enfants qui sont contraints à assumer les rôles de leurs parents.

Yassine Nzomwita Kwizera n’a jamais connu son père. Sa mère est morte des suites du VIH  /SIDA   dans le camp de Ngara, en Tanzanie.

« Quand ma mère était encore en vie, tout allait bien. Elle nous faisait à manger et s’acquittait des corvées ménagères », a-t-elle expliqué. « Maintenant, nous menons une vie difficile. Des pensées lugubres m’assaillent constamment. »

Quand elle n’est pas à l’école, Yassine Nzomwita Kwizera cuisine, fait le ménage et prend toutes les décisions pour sa jeune famille - son frère et sa sœur sont âgés de six et neuf ans. « A la mort de ma mère, j’ai dû être forte. Je ne suis pas la seule victime de ce fléau, nous sommes nombreux dans ce cas ici. »

« Quand je dois renouveler ma carte de rationnement, je ne peux pas aller à l’école de toute la journée », a-t-elle ajouté. « Si je dois amener mon frère ou ma sœur chez le médecin, je dois encore rater l’école. Mes notes n’arrêtent pas de chuter. »

Lorsque sa mère est tombée malade, Yassine Nzomwita Kwizera a dû assumer de nombreuses responsabilités et elle a dû arrêter d’aller à l’école pour s’occuper d’elle. Par conséquent, elle est toujours en cours élémentaire deuxième année, alors que la plupart des enfants de son âge sont déjà en 5ème.

On dispose de peu de statistiques sur le nombre de réfugiés séropositifs. Et peu de services existent afin d’aider les personnes touchées par la pandémie.

« Pour autant que je sache, seuls deux réfugiés ont accès à un traitement antirétroviral [ARV  ] dans le camp », a déclaré le docteur Patterson Njogu, coordinateur régional VIH  /SIDA   pour le Haut commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).

Yassine Nzomwita Kwizera et sa famille sont victimes de discrimination et de stigmatisation de la part des autres réfugiés. « Certains sont méfiants et pensent que nous sommes porteurs du virus. Je fais en sorte de ne pas les laisser me miner le moral », a-t-elle confié.

Le docteur Patterson Njogu a indiqué que diverses organisations non gouvernementales, dont le Comité international de secours (International Rescue Committee) et la Croix-Rouge tanzanienne, étaient en train de mettre en place des programmes de sensibilisation, de conseils et de dépistage volontaire du VIH   ainsi que des programmes de soins à domicile.

Yassine Nzomwita Kwizera a constaté que les autres réfugiés avaient dernièrement fait preuve d’une plus grande tolérance à son égard et à celui de ses frères et sœurs.

« Le HCR et le gouvernement tanzanien ont convenu, avec l’aide de nos partenaires, d’élargir l’accès au traitement ARV   parmi les réfugiés », a expliqué le docteur Patterson Njogu. « Le gouvernement souhaite élargir l’accès aux ARV   dans l’ensemble des districts d’ici le mois de juillet 2006. »

Les orphelins du camp de Ngara reçoivent de l’eau, du bois de chauffe, des vêtements, des seaux et des couvertures de la part de l’ONG norvégienne Norwegian People’s Aid (NPA).

« La NPA est d’un grand secours. Il y a certaines choses que je n’aurais jamais pu faire sans elle », a expliqué Yassine Nzomwita Kwizera. « L’hôpital nous donne également de la nourriture, ce qui nous permet d’avoir de quoi manger en attendant la prochaine distribution de vivres. »

La plupart des réfugiés s’apprêtent à rentrer au Burundi, où la paix a été en grande partie restaurée et où les premières élections démocratiques depuis une dizaine d’années auront lieu au mois d’août prochain. Cependant des enfants comme Yassine Nzomwita Kwizera sont confrontés à un avenir incertain.

« J’étais très jeune quand j’ai quitté le Burundi. Je ne connais pas ce pays. Le CICR [le Comité international de la Croix-Rouge] a essayé de retrouver les membres de notre famille restés là-bas, mais en vain », a-t-elle confié. « J’espère que nous allons vivre dans un endroit agréable, dans un beau pays, où nous pourrons vivre sans danger. »

NGARA, 15 mai 2006 (PLUSNEWS)


VOIR EN LIGNE : plusnews
Publié sur OSI Bouaké le lundi 22 mai 2006

 

DANS LA MEME RUBRIQUE