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Somalie : « Que personne n’ait à subir ce que ma femme et moi avons traversé »

Rare témoignage d’un activiste somalien vvih


Nairobi, 24 décembre 2009 (PlusNews) - Dans une société musulmane conservatrice comme la Somalie, il est extrêmement rare pour une personne vivant avec le VIH   d’en parler ouvertement. Mais Mahamud Warsame, 53 ans, originaire de Galkayo dans la région centrale de Mudug, est devenu activiste après la mort de sa femme, d’une maladie liée au VIH  .

Photo : Mahamed Kooshin/IRIN« J’ai découvert mon statut [sérologique] en mai 2007 lorsque je suis allé voir un médecin qui m’a envoyé me faire dépister. Les résultats sont revenus et le médecin m’a dit que j’étais séropositif. Franchement, à ce moment-là, j’ai pensé que c’était la fin du monde pour moi. Ma femme aussi a été dépistée positive et elle était effondrée. On aurait dit que la lumière l’avait quittée.

« Des amis et [des membres de] la famille ont disparu dès qu’ils ont découvert notre statut. Nous n’avions aucun soutien. Même si nous étions sous antirétroviraux, cela n’a pas aidé ma femme parce que je pense qu’elle a tout simplement baissé les bras. J’ai pris soin d’elle pendant huit mois mais elle est décédée en mars 2009.

« Le plus gros problème auquel nous étions confrontés pendant cette période était le manque de compréhension et de soutien de la part de ceux qui nous étaient les plus proches.

« Les gens ne voulaient pas nous louer de logement. Des personnes que je connaissais depuis longtemps ne me serraient même plus la main. Je pense que c’est ce qui a tué ma femme, l’isolement dont nous avons souffert.

« Après avoir enterré ma femme, j’ai décidé de révéler publiquement mon statut et d’en parler aux gens, de leur dire que j’étais sous traitement et que j’allais bien. Je veux m’assurer que personne n’ait à subir ce que ma femme et moi avons traversé. Nous devons combattre la stigmatisation et la discrimination.

« J’ai déjà aidé des hommes à commencer un traitement et à ne plus cacher leur statut.

« Certaines personnes pensent que parce que nous sommes musulmans, nous ne pouvons pas contracter le VIH  . Je leur dis que [la maladie] ne fait pas de discrimination religieuse, ethnique ou culturelle. N’importe qui et tout le monde peut être infecté par le virus.

« Dans ce pays, nous devons nous battre contre ce sentiment trompeur de sécurité selon lequel les musulmans ne contractent pas [le VIH  ] et dire aux gens qu’on est tous [égaux] face à cela.

« Je suis maintenant sous traitement et ceux qui ne me connaissent pas ne peuvent même pas dire que je suis séropositif. Je travaille et j’essaye d’élever mes deux enfants qui ont perdu leur mère. Je pense que le fait de vivre avec le VIH   a fait de moi une personne meilleure ».


Publié sur OSI Bouaké le mercredi 13 janvier 2010

 

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