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Sida : Des leaders religieux appellent à ne plus parler de "châtiment"

"Lorsque nous abordons les messages de prévention avec un point de vue moral, nous augmentons la stigmatisation qui va entraver l’accès aux soins d’un nombre de gens encore plus important"


mardi 15 aout 2006, 16h51

Par Michel COMTE

TORONTO (AFP) - Des responsables religieux ont appelé, à l’occasion de la 16e conférence internationale sur le sida  , à Toronto, à éviter les termes bibliques tels que "châtiment" pour évoquer le sida   et à mieux utiliser les lieux de culte pour combattre la pandémie. "Nous encourageons les gens à ne pas parler de châtiment dans un sens biblique", a déclaré lundi le révérend Jape Heath, secrétaire général du Réseau africain des leaders religieux porteurs du virus VIH   ou atteints par le sida  . "Utiliser simplement ce mot, c’est renforcer le point de vue selon lequel Dieu punit l’humanité" avec cette maladie, a-t-il commenté. D’autres sont allés encore plus loin, en estimant que certains leaders religieux devaient s’excuser pour leur inaction face à la pandémie qui a déjà tué 25 millions de personnes dans le monde. "Nous devons publiquement nous confesser et nous repentir pour notre complicité dans la stigmatisation des gens touchés par le VIH  /sida   et leur marginalisation, en particulier les femmes et les enfants", a ainsi souhaité l’évêque Mark Hanson, responsable de l’église luthérienne évangélique américaine. "Nous devons être honnêtes et reconnaître que notre silence nous a rendu complices, ainsi que nos actions et nos paroles honteuses (...) et la manière dont nous avons formulé des arguments moraux (...)", a-t-il avancé. L’évêque a notamment regretté que la morale ait été placée au dessus du pragmatisme en matière d’éduction sexuelle et de prévention du sida  , ajoutant que cela avait conduit à la diabolisation du préservatif par exemple. L’église catholique romaine et les leaders musulmans, qui font l’objet des plus fortes critiques parmi les militants antisida, ne participaient pas à ce débat de responsables religieux. Même s’il est faux de dire que ces groupes ont complètement occulté la bataille contre cette maladie, leurs actions ont "fait plus de mal que de bien", a affirmé le révérend Heath. "Franchement, en tant que personne vivant avec le VIH  , je ne veux pas que ma communauté religieuse me dise +honte, honte, laisse-moi t’aider à mourir+", a témoigné Jape Heath. "Lorsque nous abordons les messages de prévention avec un point de vue moral, nous augmentons la stigmatisation qui va entraver l’accès aux soins d’un nombre de gens encore plus important", a-t-il poursuivi. L’évêque Mark Hanson a souligné qu’il y avait une coopération croissante dans les cercles religieux pour tenter de mettre fin à la faim et à la pauvreté, mais que la question du sida   était encore trop délaissée. Eglises, mosquées, synagogues et temples, en tant que pierres angulaires des communautés, ont la chance immense d’être au coeur de la lutte contre le sida  , a renchéri Phramaha Boonchuay Doojai, directeur de l’université bouddhiste de Chiang Mai en Thaïlande. Selon Bishnu Ghimire, directrice de la Société pour un service actif au Népal, les efforts entrepris à la suite de la conférence sur le sida   de Bangkok, en 2004, pour inclure les leaders religieux dans la lutte contre la pandémie ont porté leurs fruits. "Les jeunes, en particulier, ont accepté les conseils des leaders religieux. Les gens étaient heureux de les écouter et leur ont fait confiance", a-t-elle rapporté. Mais, a tempéré M. Doujai, le travail des moines bouddhistes en Asie du Sud-Est se fait dans le secret car le thème du sida   est toujours une question "très controversée".


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Publié sur OSI Bouaké le lundi 28 août 2006

 

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