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MALI : Les centres de prise en charge débordés par la demande d’ARV gratuits


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BAMAKO, 3 juin 2005 (PLUSNEWS) - La gratuité des traitements antirétroviraux (ARV  ) pour les personnes vivant avec le VIH  /SIDA   au Mali risque d’engorger les rares structures privées de prise en charge, prises d’assaut par les candidats au dépistage et au traitement thérapeutique, ont prévenu les organisations non-gouvernementales.

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Le Cerkes, le seul centre de prise en charge intégré pour les personnes vivant avec le VIH à Sikasso, est assailli par les demandes de dépistage

“On est débordé. Les gens cherchent à être en bonne santé et les demandes pour le dépistage sont de plus en plus nombreuses depuis l’annonce de la gratuité des soins et des traitements”, a dit à PlusNews Amadjgé Togo, l’un des responsables de l’ONG malienne Arcad à l’origine de la création du centre intégré d’écoute, de soins, d’animation et de conseils (Cesac) de Bamako.

Le Cesac, qui est devenue une structure privée de référence de la capitale malienne, soigne 8 000 personnes vivant avec le VIH  /SIDA  . Environ 3 000 personnes sont sous traitement ARV   dans cet établissement du centre-ville de Bamako, sur les 4 000 personnes qui bénéficient d’un tel traitement à travers le pays.

Moins de 200 patients sont pris en charge par un centre identique, le Cerkes, à Sikasso, à 500 kilomètres à l’est de Bamako, près de la frontière avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire, des pays où les médicaments ne sont pas gratuits pour les personnes vivant avec le sida   qui doivent payer une somme forfaitaire pour se les procurer.

En février dernier, le président malien Amadou Toumani Touré s’est engagé à assurer la gratuité des ARV   pour tous ceux vivant avec le virus, une mesure effectivement appliquée par les hôpitaux et les centres privés de prise en charge, ces derniers étant les plus actifs en matière de prise en charge des patients.

“Nous bénéficions de financements extérieurs qui nous permettent de répondre à cette exigence de l’Etat et à la demande des patients”, a dit Togo, qui a ajouté ne pas savoir comment la situation va évoluer dans les prochaines années.

Le Cesac, comme le Cerkes, parviennent à l’aide de leurs partenaires extérieurs, dont le programme international Esther (Ensemble pour une solidarité thérapeutique en réseau), à offrir les ARV   et les médicaments pour soigner les maladies opportunistes qui frappent les organismes affaiblis par le virus.

Ces soins ainsi que les traitements pour les infections sexuellement transmissibles restent payants dans les hôpitaux publics, tout comme les tests de laboratoire, essentiels à la mise sous traitement et à la surveillance du patient restent payants, selon les médecins des centres de prise en charge.

Selon les acteurs de la lutte contre le sida  , chaque patient peut payer jusqu’à 30 dollars par an en tests de laboratoire, alors que le revenu moyen annuel par habitant au Mali, l’un des pays les plus pauvres du monde, n’est que de 296 dollars selon les Nations Unies.

“L’arrêté d’application de la décision présidentielle publié avant mars n’implique pas forcément la gratuité des analyses et des traitements des IST”, a dit Mohamed Attaher Maiga, chargé de la prévention et de la sensibilisation au secrétariat exécutif du Haut conseil national de lutte contre le sida   (HCNLS).

Pour Maiga, il risque d’être difficile pour le Mali de pérenniser une prise en charge gratuite des patients. “Après les campagnes de sensibilisation que nous allons démarrer, plus de gens vont aller vers le dépistage, plus de gens vont être dépistés positifs. Il n’est pas évident que le Mali puisse faire face”, a-t-il dit.

“Si on explique aux gens qu’ils peuvent vivre 20 ans de plus grâce aux ARV   et que ces derniers sont gratuits, ils vont trouver le courage de se faire dépister et de venir consulter”, a ajouté Maiga. “Or, je pense que le budget de l’Etat est limité et que si les financements extérieurs se tarissent, il deviendra difficile de maintenir cette politique.”

L’Etat malien a consacré 2,3 milliards de francs CFA (4,2 millions de dollars) en 2005 pour assurer la gratuité des traitements pour les personnes vivant avec le sida   et 23 millions de dollars devraient être dégagés sur les ressources nationales pour financer le programme national de lutte contre la pandémie jusqu’en 2009, selon le HCNLS.

Quelques 120 millions de dollars sont apportés par les bailleurs de fonds internationaux, pour la même période et pour la première fois dans ce pays sahélien, notamment par le Fonds mondial de lutte contre le sida  , la tuberculose et le paludisme, la Banque mondiale, le Fonds africain de développement et divers projets et coopérations.

Selon le programme conjoint des Nations Unies sur le sida  , Onusida  , seulement 10 pour cent des personnes infectées par le virus ont pu être identifiés, dans un pays qui affichait en 2001 un taux moyen de prévalence de 1,7 pour cent — deux pour cent des femmes et trois pour cent de femmes enceintes sont séropositives selon les données officielles.


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 3 juin 2005

 

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