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La féminisation de l’épidémie se confirme

Publication du rapport mondial ONUSIDA 2005


Mots-Clés / ONUSIDA

Wal Fadjri (Dakar)- 25 Novembre 2005 - Issa Niang

Le sida   a tué 25 millions de personnes depuis qu’il a été identifié en 1981, ce qui en fait l’une des épidémies les plus dévastatrices de l’histoire. Chez les femmes, le tableau peint par le rapport 2005 sur le sida   dans le monde publié par l’Onusida   et l’Oms  , est loin d’être reluisant. On assiste ainsi à une "féminisation du virus".

La gent féminine est la plus affectée par le virus de Vih  /Sida   à travers le monde. La révélation est de l’Onusida   et de l’Oms   qui ont présenté lundi dernier à Dakar leur rapport conjoint 2005. Intitulé, "Point sur l’épidémie de Sida   2005", ce rapport épidémiologique donne une mise à jour sur les estimations mondiales et régionales de l’état de la maladie, ainsi que les nouvelles tendances de l’évolution de l’épidémie. Boubacar Dankoko, conseiller technique au ministère de la Santé représentait le ministre Abdou Fall à cette rencontre qui a réuni les acteurs et les partenaires intervenant dans la lutte contre la pandémie. Ce rapport conjoint a été publié dans le cadre de la Journée mondiale du Sida  , commémorée le 1er décembre de chaque année.

"L’augmentation de la proportion des femmes touchées par le virus du Vvh/Sida   se poursuit", indique le rapport. Ainsi, en 2005, 17,5 millions de femmes vivent avec le Vih  /Sida  , soit un million de plus qu’en 2003. C’est l’Afrique Subsaharienne qui est la plus "infectée" avec 13,3 millions de ses femmes touchées. Par exemple, en Afrique de l’Ouest, 77 % des femmes vivent avec le virus Vih  /Sida  . L’impact croissant sur les femmes est aussi visible en Asie du Sud et du Sud Est où près de 2 millions de femmes vivent maintenant avec le Vih  , ainsi qu’en Europe orientale et en Asie centrale.

Les femmes sont de plus en plus touchées et constituent aujourd’hui près de la moitié des 37,2 millions d’adultes (entre 15 et 49 ans) vivant avec le Vih   dans le monde. En Afrique subsaharienne, région la plus durement frappée, près de 60 % des adultes vivant avec le VIh   sont des femmes, soit 13,3 millions. Ces nouveaux chiffres figurent dans le rapport annuel du Programme commun des Nations Unies sur le Vih  /Sida   (Onusida  ) et de l’Organisation mondiale de la Santé (Oms  ).

Cette situation n’a pas manqué de susciter des réactions au cours des débats qui ont suivi la présentation du rapport. Selon des organisations féminines, cette flambée de l’épidémie chez les femmes est due à "une marginalisation des femmes". D’autres font état du manque d’instruction et du faible taux d’alphabétisation des femmes.

Le sida   a tué 25 millions de personnes depuis qu’il a été identifié en 1981, ce qui en fait l’une des épidémies les plus dévastatrices de l’histoire. Et d’après le rapport 2005 sur la situation de l’épidémie dans le monde, "le taux d’infection par le Vih   diminue dans certains pays, mais le nombre de personnes de vivant avec le Vih   continue de s’élever".

En Afrique où l’épidémie sévit le plus dans le monde, le rapport, présenté par Dr Meskerem Grunitzky-Békélé, (directeur d’Onusida  , équipe régionale d’appui pour l’Afrique de l’Ouest et du centre), note une baisse de la prévalence du Vih   chez l’adulte à l’échelle nationale dans des pays comme le Kenya, l’Ouganda et le Zimbabwe.

Malgré les efforts accomplis dans un nombre restreint mais croissant de pays, l’épidémie du sida   continue à devancer les efforts déployés dans le monde pour la contenir. A ce titre, les chiffres publiés par le rapport sont alarmants. Selon le rapport, on a compté près de 5 millions de nouvelles infections à Vih   dans le monde, dont 3,2 millions en Afrique subsaharienne seulement. La même année, 3 millions de personnes sont mortes de maladies liées au sida  , dont plus d’un demi-million d’enfants. Aujourd’hui, souligne le rapport, le total des personnes vivant avec le Vih   est de 40,3 millions, deux fois plus qu’en 1995.

L’Afrique subsaharienne compte un peu plus de 10 % de la population mondiale, mais elle abrite un plus de 60 % de toutes les personnes vivant avec le Vih  , soit 25,8 millions. Et selon le Mr Eric Mercier (Conseiller régional Vih  /Sida   pour l’Afrique de l’Ouest et du centre), il y a une importance à considérer une aggravation de l’épidémie en Afrique de l’Ouest.

Cette année, le rapport comporte une section spéciale portant sur la prévention du Vih  . A ce titre, le Dr Ibra Ndoye, coordonnateur du Comité nationale de lutte contre le sida  , a interpellé le système des Nations Unies pour "un dépassement des programmes pilotes et une adoption de stratégies globales à long terme". De son avis, on a tendance à oublier la stratégie de prévention sur les Mst, alors que cette stratégie est à l’origine de résultats probants. Ainsi, le coordonnateur du Cnls préconise, en plus de l’accès aux traitements Arv  , une lutte contre les Mst. Sur la même lancée, Baba Goumbala estime "inadmissible" le relâchement de la prévention de la pandémie au niveau des Mst. En outre, Ibra Ndoye trouve insensé de réduire le financement des pays à faible taux de prévalence au profit des pays à forte prévalence du Vih  . Selon lui, la lutte doit être sans relâche.

Pour sa part, le Dr Boubacar Dankoko, représentant le ministre de la Santé Abdou Fall, a plaidé pour une souveraineté thérapeutique de l’Afrique. "Il est temps que l’Afrique prenne en charge ses propres malades", a-t-il indiqué.


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Publié sur OSI Bouaké le mardi 29 novembre 2005

 

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