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Des centaines de morts et disparus aux portes de l’Europe


Le 7 juin 2008, au moins 40 personnes ont péri et près de 100 sont portées disparues après le naufrage d’un bateau transportant des migrants vers l’Italie, au large de Zuwarah, en Libye.

A l’heure où la France prend la présidence de l’Union européenne, Médecins du Monde dénonce le drame humanitaire qui se joue trop fréquemment et dont ce naufrage est une illustration frappante : le décès, de plus en plus courant, en Méditerranée ou ailleurs, de nombreux migrants tentant de rejoindre l’Union européenne.

La Présidence française a souhaité mettre la thématique des migrations au centre de son programme, en se focalisant tout particulièrement sur la lutte contre l’immigration clandestine. La « directive retour » adoptée le 18 juin par le parlement européen, qui n’a repris aucun des amendements déposés par les associations, est un autre signal du renforcement d’une conception répressive de l’immigration. Cette vision de l’immigration clandestine occulte pourtant la prise de risque toujours plus importante que les personnes sont prêtes à prendre pour passer les frontières de l’Union européenne, avec en toile de fond un renforcement des contrôles sur les routes principales d’immigration.

Comme l’explique le Dr Fabrice Giraux, Secrétaire Général de Médecins du Monde : « Chaque année, des milliers de personnes tentent de traverser la Méditerranée dans des conditions de plus en plus périlleuses. L’Europe, quant à elle, renforce des mesures de sécurité déjà draconiennes pour éviter l’arrivée sur son territoire de ces nouveaux immigrants. Au début d’une nouvelle saison de « migrations du désespoir », nous exprimons une vive inquiétude pour les centaines de candidats à l’exil qui perdent tragiquement la vie chaque année. Et ce, sans que la politique sécuritaire mise en œuvre ne soit évaluée, ne serait-ce qu’au regard de ses objectifs annoncés : la diminution du nombre de personnes en situation irrégulière présentes en Europe. »

Selon un communiqué de la Commission européenne du 16 mai 2007, entre 3 000 et 4 000 personnes seraient décédées au cours d’un voyage pour atteindre l’Union européenne. Les données rassemblées par les associations totalisent plus de 1 800 décès et disparitions rien que pour l’année 2007 et les décès avoisineraient les 400 pour le 1er semestre 2008. Des chiffres sous-estimant sans doute largement la réalité, du fait de la difficulté à comptabiliser précisément le nombre de morts et disparus en mer. Les données réunies permettent également de montrer une tendance à l’augmentation du nombre de décès de migrants aux frontières de l’Europe ces dernières années, avec un pic meurtrier durant l’été.

Dans le cadre de ses missions auprès des migrants, Médecins du Monde a pu constater l’ampleur de ce drame humanitaire et s’interroge sur l’efficacité des politiques mises en place pour gérer les frontières de l’Union européenne. Une stratégie basée sur la fermeture ne favorise-t-elle pas le passage par des routes encore plus dangereuses pour entrer sur le territoire européen ?

Médecins du Monde appelle donc la France, à l’occasion de la présidence de l’Union européenne, à tout faire pour éviter de nouveaux drames, notamment en recentrant l’action et les moyens sur le secours en mer plutôt que sur la répression.


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Publié sur OSI Bouaké le jeudi 3 juillet 2008

 

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