OSI Bouaké - La pratique du don controversée au Mali Accueil >>  VIH/Sida

La pratique du don controversée au Mali



Le Monde | 21.01.09 | 15h11 • Mali Envoyée spéciale

Par principe, le docteur Alassane Diko ne voit que des inconvénients aux dons de médicaments. Le directeur régional de la santé du district de Ségou, au Mali, reçoit dans son bureau situé à deux pas du gouvernorat. "Je crains qu’il y ait du commerce illégal", glisse-t-il, estimant que des responsables de centres de santé, où ne sont vendus que des génériques, peuvent vendre les dons à des pharmacies privées puis prescrire les médicaments aux patients. "Ou encore les distribuer à qui ils veulent, et pas forcément aux pauvres", dit-il.

Surtout, il pointe des dangers pour la santé, car les dates de péremption des médicaments reçus sont souvent proches. Il lui est même arrivé d’ordonner d’en détruire par précaution. "Nous n’avons pas les moyens de contrôler leur qualité", juge-t-il.

Par le canal d’un député de Ségou, il a reçu en décembre 2008 des cartons de Coartem, un antipaludéen du laboratoire Novartis. "Ces médicaments seront périmés en mars. Nous les avons distribués, et avons prévenu qu’il fallait vite les consommer", raconte-t-il. Ses équipes vont devoir s’en assurer.

Pourtant, sur le terrain, les médecins apprécient la pratique, soulignant la pauvreté des populations. "Un particulier m’a promis des dons, je lui ai donné la liste de nos besoins. Je les attends avec impatience", explique Diarra Mamadou Goussou, directeur du centre de santé communautaire Denbanuman, à Ségou. Il évoque des besoins de médicaments pour lutter contre la fièvre typhoïde, les parasites intestinaux ou le paludisme.

Sylvestre Diarra, directeur du centre catholique de santé de San, une petite ville située entre Djenné et Ségou, est très en colère contre la directive européenne. "Je n’en maîtrise pas les raisons. Peut-être y avait-il des utilisations non conformes, mais j’estime que nous sommes de vrais professionnels, capables de trier les médicaments reçus", s’énerve-t-il. "Bien sûr qu’il vaut mieux habituer les patients à payer, mais il y a des cas exceptionnels, et nous regardons les capacités financières des patients", explique-t-il.

Son centre achète tous ses médicaments, mais aimerait s’en voir offrir. Il a fait des demandes à l’Ordre de Malte, mais n’a jamais pu en recevoir.

Laetitia Clavreul


VOIR EN LIGNE : Le Monde
Publié sur OSI Bouaké le jeudi 22 janvier 2009

LES BREVES
DE CETTE RUBRIQUE