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Duesberg, négation du VIH et SIDA...


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à l’heure où les théories de Duesberg trouvent de nouveaux echos sur le net, il m’a semblé interessant de publier une mise au point (plutôt bien documentée) de la rédaction de Mediapart confronté à un des ces abonnés ayant choisi ce média pour diffuser cette théorie

Pour la seconde fois, un de nos abonnés, Vincent Verschoore, utilise Mediapart pour diffuser une théorie selon laquelle le VIH   ne serait pas responsable du sida  . Pourquoi pas, après tout ? Le doute est le fondement même de la méthode scientifique. Pourquoi pas, à partir du moment où l’on apporte des éléments de réfutation solides de la théorie en vigueur et des preuves tout aussi conséquentes de la validité de celle que l’on propose. En l’espèce, l’hypothèse promue par Vincent Verschoore a été prise en considération par la communauté scientifique (contrairement à ce qu’il affirme), testée et invalidée, cependant que celle liant VIH   et sida   était elle confortée par de nouvelles études.

Le magazine Science a consacré un numéro en 1994 à l’examen des Duesberg. Après trois mois d’enquête et de compilation des données, les conclusions sont que, selon les critères même fixés par Duesberg, les preuves que le VIH   provoque le sida   et la mort qui en découle sont abondantes, que les VIH   satisfait largement les postulats de Henle-Koch (utilisés pour identifier le lien entre un micro-organisme et une maladie), l’épidémie de sida   en Thaïlande cité par Duesberg pour corroborer sa théorie prouve au contraire le rôle central du VIH, et que l’AZT et les drogues que Duesberg rend responsable du sida   ne peuvent pas expliquer la déficience immunitaire caractéristique du sida  .

Lire aussi aussi à ce sujet la démonstration de Kurth R. dans Intervirology, 1990. Ces deux articles (1 et 2) démontant la thèse selon laquelle le VIH   ne serait pas responsable du sida  . Un article de Nature réfutant la croyance qui postule que le sida   résulterait de la prise de drogue, étude corroboré, entre autre, par Drug & Alcohol Dependance l’American Journal of Epidemiology ou le Journal of the American Medical Association. La controverse serait incongrue sur Mediapart, qui n’a pas la prétention d’être une revue scientifique, si elle ne chariait pas un fond nauséabond : le sida   reste « relativement cloisonné dans la communauté homosexuelle », écrit notre abonné ; « le sida   est le résultat d’un ensemble d’infections (dont les MST), de drogue, de malnutrition, de stress », quand il s’agit tout simplement pas d’un effet des traitements : « ces personnes peuvent tomber malade dès lors qu’elles prennent des tri-thérapies, hautement toxiques » ou d’un pseudo-effet placebo : « si vous êtes convaincu, que les médecins vous disent, que la société vous dit que vous allez tomber malade parce que vous êtes séropositif, vous avez effectivement de grandes chances de tomber malade. »

Que nous dit-on ici ? Que le VIH   est inoffensif ou n’existe pas et donc qu’aucune précaution n’est nécessaire ; que les tests VIH   ne sont pas fiables et qu’il est donc inutile de connaître son état sérologique ; que les médicaments sont dangereux et qu’il faut donc cesser de se soigner ; que le nombre de malades est très largement surestimé et de toute façon cantonné aux homosexuels, aux Africains et aux drogués et que le reste du monde ne doit en avoir cure ; et que s’il existe un consensus sur le VIH  /sida   et sa dangerosité, c’est bien la preuve qu’on nous cache des choses...

Lire à ce propos l’article de Public Library of Science détaillant la rhétorique des négationnistes. En français, on trouvera aussi cet article de Charlatans.info sur « la négation du VIH à l’heure d’Internet ». The Body consacre aussi un long dossier aux « AIDS Denialists ». Car il ne s’agit pas que d’une théorie hygiéniste et confusément homophobe ; c’est aussi une théorie criminelle. En Afrique du Sud, où le président Thabo Mbeki a accordé foi à ces thèses et donné un coup d’arrêt aux soins et à l’éducation, la prévalence VIH  /sida   est passée de 0,7% en 1990 à 26,5% en 2002 (source : département de la santé, 2002-2003). Selon une étude de cette année, 300.000 morts du sida   seraient directement imputables à cette politique irresponsable (Guardian, New York Times).

Lire la déclaration de Durban, dans laquelle 5.000 scientifiques s’opposent aux divagations de Thabo Mbeki. Et surtout, cette théorie a déjà été largement discutée (et réfutée) lors du premier billet de Vincent Verschoore en août. Pourquoi confisque-t-il une nouvelle fois la tribune sur ce sujet ? Il ne nous revient pas de donner des adresses ici, mais il existe quantité de forums conspirationnistes qui accueilleront avec plaisir Vincent Verschoore.


VOIR EN LIGNE : mediapart
Publié sur OSI Bouaké le lundi 8 décembre 2008

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