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CPI : la guerre, souvent un "jeu" pour les enfants soldats



07/01/2010 - Marie-Laure MICHEL (AFP) La Haye — Ils ont parfois à peine huit ans, fuient la pauvreté ou l’exclusion et considèrent souvent la guerre comme un "jeu" : les enfants soldats ont été au coeur des débats jeudi de la Cour pénale internationale (CPI  ) qui juge l’ancien milicien congolais Thomas Lubanga.

La guerre est souvent "un jeu" pour les enfants soldats, est venue expliquer aux juges de La Haye la représentante spéciale du secrétaire général de l’ONU   pour les enfants et les conflits armés, Radhika Coomaraswamy.

"Le concept de la mort est difficile à appréhender pour les enfants, cela les rend moins craintifs pendant les conflits", a-t-elle souligné. "Ils se lancent sans hésiter sur la ligne de front".

Mme Coomaraswamy était citée comme témoin-expert par la Cour qui juge depuis le 26 janvier 2009 l’ancien chef de milice de République démocratique du Congo (RDC) Thomas Lubanga, accusé de crimes de guerre, dans le premier procès de la CPI  .

Il est poursuivi pour enrôlement et conscription d’enfants de moins de quinze ans par l’aile militaire de sa milice, l’Union des patriotes congolais (UPC), et pour les avoir fait participer à des hostilités entre septembre 2002 et août 2003 pendant la guerre civile en Ituri, dans l’est de la RDC.

L’accusation a achevé le 14 juillet 2009 sa présentation des charges contre Thomas Lubanga, 49 ans, qui plaide non coupable. Plusieurs témoins vont être cités par la Cour avant la présentation des arguments de la défense.

Un enfant, a expliqué la représentante spéciale, "accepte plus facilement d’obéir à un ordre, il n’a pas le discernement pour savoir si l’ordre est bon ou pas".

De nombreux enfants sont enlevés, a indiqué Mme Coomaraswamy, selon laquelle "beaucoup d’enfants soldats ont été recrutés au Soudan, en République démocratique du Congo et en Sierra Leone". Au Kivu, en RDC, ils ont parfois à peine huit ans, a-t-elle souligné.

D’autres rejoignent des groupes armés pour "échapper à la pauvreté" ou parce qu’ils sont "les plus vulnérables de la société, des orphelins sans autre point de chute".

"Nombreux sont ceux qui disent qu’ils les ont rejoints car c’était fantastique de côtoyer ces hommes portant des lunettes de soleil, qui représentaient le pouvoir", a-t-elle poursuivi. "Ils ont le sentiment que ce sont des modèles glorieux qu’il faut imiter".

"Ils ont rejoint ces groupes sans comprendre ce que cela signifiait", a assuré l’expert : "pas un seul enfant soldat dirait qu’être enfant soldat est une expérience positive".

Dans de nombreux groupes armés, a-t-elle poursuivi, "les enfants qui ont fui sont ramenés et tués devant les autres enfants pour susciter chez eux un sentiment de peur".

Près de 250.000 enfants dans le monde sont recrutés par des groupes rebelles ou des armées, selon le rapport annuel de la représentante spéciale, publié en septembre.

"L’accusation et les procès de la CPI   sont suivis de très près sur le terrain, ils ont un effet dissuasif sur un grand nombre de groupes armés", a affirmé Mme Coomaraswamy : "certains ont cessé de recruter et certains ont libéré" des enfants soldats.

Selon des ONG, les affrontements en Ituri entre des milices soutenues par les ethnies Hema (proche de l’UPC) et Lendu, pour le contrôle notamment de mines d’or, ont fait 60.000 morts et des centaines de milliers de déplacés depuis 1999.


Publié sur OSI Bouaké le vendredi 8 janvier 2010

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