OSI Bouaké - Affaire Kieffer : la justice ivoirienne aux abonnés absents Accueil >>  Et en Afrique, on dit quoi ?

Affaire Kieffer : la justice ivoirienne aux abonnés absents



Postafrique - 11/10/2010 - Par Thomas Hofnung

Le juge Patrick Ramaël est tenace. Dans l’affaire Ben Barka, comme dans celle de la disparition du journaliste franco-canadien à Abidjan en 2004, Guy-André Kieffer (dit "GAK"), il revient constamment à la charge, imperturbable. Raison d’Etat, connaît pas !

Le magistrat, qui avait déjà instruit le meurtre dont a été victime en 2003 notre confrère de RFI, Jean Hélène, est actuellement à Abidjan. Un énième séjour, qui - comme tous les autres - se fait dans la difficulté, pour ne pas dire dans la douleur.

Cette fois-ci, le juge Ramaël a tenté de faire avancer son enquête sur l’enlèvement dont a été victime, durant les émeutes anti-françaises de novembre 2004, un avocat français, alors en mission pour le compte de l’Union européenne. A l’aube du 7 novembre, Xavier Ghelber était interpellé dans sa chambre de l’hôtel Ivoire par un commando. Relâché quelques heures plus tard, le conseil a toujours affirmé avoir été emmené à la résidence de Laurent Gbagbo. Peut-être comme Guy-André Kieffer, comme l’ont affirmé ces dernières années plusieurs témoins.

C’est ce que voulait vérifier le magistrat français. En vertu d’une commission rogatoire internationale, Patrick Ramaël avait prévu de confronter l’avocat français à plusieurs gardes du corps du président ivoirien, soupçonnés d’avoir trempé dans le rapt. Tout était prêt depuis plusieurs semaines. Mais le juge français n’a pas pu l’exécuter, ses homologues ivoiriens étant "soit souffrants, soit absents", a rapporté ce lundi, à Paris, Bernard Kieffer, le frère de GAK.

Me Xavier Ghelber, accompagné par le bâtonnier de Paris, Jean-René Farthouat, qui s’est constitué partie civile, ont donc fait le déplacement jusqu’à Abidjan pour rien. Pour l’avocat, cette attitude est un "aveu de culpabilité" de la part des autorités ivoiriennes.

Comment vont réagir les autorités françaises ? Vont-elles protester ? Alors que les élections attendues depuis 2005 en Côte d’Ivoire se profilent (elles sont prévues pour la fin du mois), Paris ne sera-t-il pas tenté de faire profil bas ? C’est ce que redoute Bernard Kieffer, qui rappelle les propos tenus, en août 2007, par un Nicolas Sarkozy fraîchement élu à l’Elysée : pas de normalisation avec Abidjan tant que la lumière n’est pas faite sur le sort de GAK. Les promesses n’engagent que ceux y croient...


Publié sur OSI Bouaké le jeudi 21 octobre 2010

LES BREVES
DE CETTE RUBRIQUE


vendredi 23 novembre