OSI Bouaké - 21 Novembre : Journée internationale des droits de l’enfant Accueil >>  Orphelins du sida, orphelins et enfants vulnérables (OEV)

21 Novembre : Journée internationale des droits de l’enfant


Mots-Clés / OEV

La Journée internationale des droits de l’enfant devrait inviter partout à un rappel des chiffres. 5,6 millions d’enfants qui meurent chaque année de dénutrition. 218 millions d’enfants au travail. 150 millions de fillettes et 73 millions de garçons victimes de rapports sexuels forcés et d’autres formes de violence sexuelle. 2 millions d’enfants tués et six millions de blessés dans des conflits armés au cours des dix dernières années. Ces chiffres dessinent aussi une carte du monde. 10 millions d’enfants porteurs du virus du sida   vivent en Afrique et en Asie. Dans les pays de l’Afrique subsaharienne, l’espérance de vie moyenne est de 46 ans, elle est de 78 ans dans les pays développés.

Notre plus grand échec, déclarait en octobre dernier un expert aux Nations unies, « est de n’avoir pas entendu les voix des enfants ». Auprès des Nations unies, cependant, l’UNICEF ne reste pas l’arme au pied. Des avancées sont même enregistrées. Ainsi sur le front du travail où, malgré le chiffre effarant cité plus haut, on enregistrerait un recul sensible, en particulier en Amérique latine et dans les Caraïbes. Ce n’est pas un reflux naturel mais sans doute un résultat, encore bien fragile, d’une prise de conscience collective, de volontés politiques.

La situation des enfants dans le monde n’est pas une fatalité. Elle reflète pour une large part les inégalités phénoménales entre les pays riches et les pays pauvres. Elle est au coeur des enjeux actuels. Ressources en nourriture et en eau, réchauffement climatique étendant les déserts, mondialisation des productions dans les pays à bas salaires et à législation sociale inexistante, poids de la dette, coût des médicaments et profits des grands labos pharmaceutiques. Elle appelle un autre ordre du monde. Les défis d’aujourd’hui réclament bien autre chose que des mesurettes, des mains sur le coeur et des larmes de crocodiles. Qu’il s’agisse de l’énergie, de l’environnement, de la maladie, de la faim, de la diffusion des savoirs.

Mais ces inégalités traversent aussi notre quotidien, ici même. Elles sont sociales. Qu’est-ce qu’une enfance meurtrie par les difficultés de fin de mois, les menaces d’expulsion ? Comment est-on enfant quand les parents vivent du RMI ou travaillent au SMIC, ont des horaires flexibles ou pas ?

Deux millions d’enfants dans notre pays vivent en dessous du seuil de pauvreté. Oh certes, jamais aucun politique ne dira que le sort des enfants lui est indifférent. Mais il faut tout de même parler d’autre chose que du port de la blouse à l’école, de l’encadrement plus ou moins musclé des jeunes, d’une répression accrue.

Les milliers de manifestants de samedi, contre la loi Sarkozy, avaient des milliers de fois raison.

Et qu’est ce que cette ignominie, quand des représentants de l’ordre entrent dans les écoles pour y chercher des bambins ? Qu’est-ce que cette France de la honte quand on embarque un père devant ses enfants parce qu’il est sans papiers et recherche simplement un avenir meilleur ? Qu’es- que cet ordre quand on renvoie dans un pays qu’il ne connaît pas un jeune qui étudie dans la France des droits de l’homme et des philosophes des Lumières ? Ce sont bien aujourd’hui les femmes et les hommes du Réseau Éducation sans frontières qui sont à la hauteur de cet héritage.

Ne pas se battre contre cela, contre ces expulsions scandaleuses d’aujourd’hui, c’est accepter le désordre du monde. C’est conforter cette vision d’une France ouverte aux marchés mais fermée aux hommes, sauf quand ils sont corvéables. C’est dresser un mur du silence et se fermer aux voix des enfants.

Maurice Ulrich


VOIR EN LIGNE : Leurs voix
Publié sur OSI Bouaké le mercredi 22 novembre 2006

LES BREVES
DE CETTE RUBRIQUE